Top 20 des pochettes les plus marquantes de l’année 2023


Kendrick Lamar en 2015Club Cheval en 2016Lomepal en 2017Deena Abdelwahed en 2018Kristin Anna en 2019Kalash Criminel en 2020, Jerusalem in my heart en 2021, Astéréotypie en 2022… et en 2023 ? Comme tous les ans, Néoprisme vous dévoile son classement des vingt pochettes les plus marquantes de l’année.

20. Blur x Martin Parr — The Ballad of Darren (Parlophone Records / Warner Music Company)

Un homme nage dans une piscine à ciel ouvert. Pour seule compagnie : son souffle, qui réagit au mouvement des bras et des jambes, et l’horizon qui se profile, dans un sens comme dans l’autre. Un bord de la piscine. Puis l’autre. On recommence. Concentration maximale, objectif unique. Combien de longueurs, pour cet homme-là ? Une photo de Martin Parr qui, près de Glasgow, avait photographié ce nageur téméraire à son insu, et qui se retrouve aujourd’hui au-devant de la scène grâce au dernier album de Blur.

19. Noname x Frank Dorrey — Sundial (Awal Recordings America Inc.)

Ce qui est vraiment laid, il faut bien le reconnaître, fascine parfois autant que ce qui est vraiment beau. Faire l’unanimité, dans un sens comme dans l’autre ? C’est rare et c’est ici le cas avec le travail de Frank Dorrey, cet artiste du New Jersey qui fabrique ses images via l’application PicsArt sur son iPhone, et qui accompagne la rappeuse de Chicago Noname pour l’illustration de Sundial (« cadran solaire » en français).

18. Fuzati & Le Motel x David Martin – Baltimore (Ombra éditions)

Considérer le voyage comme l’échappatoire ultime… et ne pas pouvoir profiter de ses vertus rédemptrices ? C’est tout le sens de cette pochette qui illustre l’album collaboratif de Fuzati & Le Motel, qui porte en lui un sévère sentiment d’absurde.

17. Allah-Las x John Divola — Zuma 85 (Innovative Leisure / Calico Disco)

À la question de savoir si la misère est bien, ou non, moins pénible au soleil, on bottera une nouvelle fois en touche et laissera aux principaux concernés le soin de répondre. À la frontière limitrophe qui existe parfois entre une vision du beau et une vision du laid, on se réfèrera, et parmi les millions d’exemples qui existent sur le sujet, à cette photo de John Divola (issu d’une série de 1977) pour Allah-Las, le projet de ces Californiens dont le cinquième album souffle la sensation contraire du sublime et du crado sur un même espace.

16. UZHUR x Marie Quéau – s/t (Nahal Recordings)

La vivacité des flammes pour illustrer un album de musique drone, ambiant, extrême… UZHUR et Marie Quéau pour une pochette de disque à faire tourner en manif…

15. Double Date With Death x Elzo Durt – Portraits (La Shoebox)

Un gramophone qui élève un peu plus encore une Tour de Babel réinventée pour Double Date With Death, des Montréalais accompagnés, sur l’album « Portraits », par l’illustrateur bruxellois Elzo Durt, grand habitué des tops de fin d’années sur Néoprisme.

14. Timber Timbre — Lovage (Hot Dreams Publishing)

Une photo sans histoire à propos de ces moments où plus rien n’existe, si ce n’est l’entre-deux. Le grand vide avant l’opportunité du grand tout, par Timber Timbre.

Timber Timbre — Lovage

13. Caroline Polachek x Aidan Zamiri – Desire, I Want to Turn Into You (Perpetual Novice)

Entre le grand public et la petite niche, ce travail signé du photographe Aidan Zamiri pour la popeuse Caroline Polachek marque l’esprit et soutient le titre, particulièrement évocateur, de cet album paru sur le label Perpetual Novice : Desire, I Want to Turn Into You. Une pochette comme la mise en forme d’un jeu de piste, voire d’une carte aux trésors qui donnerait accès à l’entrée de cette île dont Caroline nous souhaite, et dès les premières mesures de l’album, la bienvenue (“Welcome to my Island”).

Caroline Polachek x Aidan Zamiri – Desire, I Want to Turn Into You
Caroline Polachek x Aidan Zamiri – Desire, I Want to Turn Into You

12. Will Butler + Sister Squares x Marcel Dzama — Will Butler + Sister Squares (Merge Records)

Des astres qui rayonnent comme dans La nuit étoilée de Van Gogh. Le jaune orangé de la lumière, puis le bleu-vert. Celui de silhouettes qui en entourent une autre, et vêtues de curieuses tenues qui vont de la tête au pied, masquent le visage, ajoutent des points blancs sur une panoplie déjà vue chez Picabia et chez Shame, par l’intermédiaire du fantasque et lunaire Marel Dzama, à l’origine de l’une des pochettes de disques les plus étonnantes de l’année : celle de Will Butler d’Arcade Fire.

11. Grand Blanc x labeks x CESTAINSI – HALO (Parages)

Plus contemplative et progressive qu’hier, la pop de Grand Blanc renaît sur un album fabriqué dans une maison isolée à la lisière de la forêt. Une maison qui apparaît aussi sur un visuel évanescent, douillet, volatile.

10. Officium – Lazybones (Teenage Menopause Rds.)

Lazybones. Fainéant, fainéantes. Pas cool pour les abeilles, mises en scène sur cette pochette d’Alban Mercier, qui sort des disques sous l’alias Officium, des apoïdes dont on sait bien qu’elles travaillent proportionnellement à leur durée de vie jusqu’à bien plus que 64 ans. Les abeilles sont d’une importance vitale pour nos écosystèmes ? Les producteurs indés, exigeants et différents comme Officium le sont aussi.

9. Altın Gün x Muhammad Fatchurofi – Aşk (Glitterbeat Records)

Après Floor van het Nederend, Marina Tadic, Anne Caesar et Alexander Khabbazi, c’est l’illustrateur Alexander Khabbazi qui s’associe au groupe turco-néerlandais Altın Gün pour une pochette de laquelle le soleil s’éclipse en bout de route et où les montages s’élèvent.

Altın Gün x Muhammad Fatchurofi – Aşk

8. Protomartyr x Trevor Naud – Formal Growth In The Desert (Domino Records)

L’un se cache. L’autre le juge. La pochette du nouvel album de Protomartyr déploie des névroses et des manières de ne pas trop se faire déborder par elles.

7. Ky x Mathieu Ball — Power Is The Pharmacy (Constellation Records)

Une chaise qui flambe pour illustrer un disque axé sur le chagrin et la crainte de tout perdre ? La pochette d’un disque incandescent sorti sur le très underground label montréalais Constellation Records.

6. James Blake x Thibaut Grevet x Crown & Owls — Playing Robots Into Heaven (Republic Records)

Cinq silhouettes s’élèvent vers les cieux. L’une d’elle est celle de James Blake. Mais qui sont les autres ? Playing Robots Into Heaven : une pochette qui s’approche du sacré, et qui s’avère être l’une des plus impressionnantes de l’année.

James Blake x Thibaut Grevet x Crown & Owls — Playing Robots Into Heaven

5. Slowdive x Nick Scott — Everything is alive (Dead Oceans)

Un labyrinthe qui illustre une musique qui part dans tous les sens, se perd en cours de route… mais retrouve toujours son chemin. Une image de Nick Scott pour Slowdive.

4. Shame x Marcel Dzama – Food for Worms (Dead Oceans)

Les figures lunaires de Marcel Dzama pour le post-punk assagi de Shame. Deuxième présence de Dzama dans ce classement pour l’une des plus belles pochettes de disques de cette année 2023.

3. Young Fathers x Jordan Hemingway x Hingston Studio – Heavy Heavy (Ninja Tune)

Vous laissez les démons sortir et vous vous en occupez”, dit Kayus Bankole de Young Fathers à propos de ce disque, illustré par Jordan Hemingway. Il est bien sorti, le démon. Et il fait un peu peur. Tellement peur que cette image s’installe très haut dans notre classement de fin d’année.

Young Fathers x Jordan Hemingway x Hingston Studio – Heavy Heavy

2. Ugly Mac Beer x Lola. F — The Valley of the Kings (Beatsqueeze Records / X-Ray Production)

Pour illustrer l’odyssée en pleine Égypte Antique d’Ugly Mac Beer, une illustratrice adepte de cyberpunk et de questionnement des genres : Lola F., qui livre un travail marquant, travaillé et plein d’histoires pour The Valley of the Kings, disque pharamineux.

Ugly Mac Beer x Lola. F — The Valley of the King

1. King Gizzard and the Lizard Wizard x Jason Galea — Petrodragonic Apocalypse; Or, Dawn Of Eternal Night- An Annihilation Of Planet Earth And The Beginning Of Merciless Damnation (KGLW)

Les humains ont joué avec le feu et se sont brûlés : place, pour les siècles à venir, au feu lui-même. La pochette apocalyptique, quoique pop, de Jason Galea pour King Gizzard and the Lizard Wizard s’impose, et puisqu’elle reflète parfaitement les problématiques écologistes, ravageuses et paranoïaques de l’année, comme la pochette de l’année.