Yard Act x Tom Robinson — Where’s my utopia?


Yard Act x Tom Robinson — Where’s my utopia?

Où est mon utopie ? Elle s’est cramée la tronche, manifestement, s’est immolée comme le moine bouddhiste vietnamien sur la pochette de Rage Against The Machine. Elle s’est écrasée en plein vol, façon Twin Towers. Elle s’est noyée, car la montée longtemps crainte des eaux a fini par arriver. Le soleil tape. Les avions se crachent. Les océans montent. Les ruines d’aujourd’hui — les immeubles en béton — rejoignent celles d’hier — les colonnes gréco-romaines en pierre. Où est mon utopie ? Perdue dans l’apocalypse.

Yard Act

Apocalypse

Le constat est signé Yard Act, ce quatuor de Leeds qui avait déjà fait parler de lui il y a deux ans avec l’album The Overload, sur lequel on retrouvait notamment les tubes post-punk et spoken-word « 100% Endurance », « The Overload » ou « Land of the Blind » et son refrain en onomatopées qui claque.

Un univers musical à trouver quelque part entre The Fall, The Streets, The Murder Capital et Fontaines D.C. Un constat qui vaut naturellement pour le global — celui qui regarde parfois plus loin que son nombril a bien compris que la planète n’était pas dans la meilleure période de son existence — mais également pour l’individuel. Car Yard Act fait partie de ceux qui, en quelques mois, sont passés de groupe en galère relative à groupe favori des bookmakers amateurs de guitares et de slogans tranchants venus d’outre-manche.  Où sont les utopies d’hier ? Cachées par les réalités d’aujourd’hui.

L’industrie du disque en prend dans la tronche, de même que James Smith, le chanteur du groupe, qui admet, dans le morceau « Dream Job », jouer son rôle comme n’importe quel pion du système. Prendre ce qu’il y a à prendre tant qu’il est encore temps de le prendre… quitte à embarquer au passage ce qui relève de la propriété du voisin ? Où est notre utopie collective, individuelle, fantasmagorique ? Au feu. Et qu’elle brûle avec le reste.

Yard Act (Site officiel / Instagram / X / YouTube / Facebook)

Yard Act, Where’s my utopia?, 2024, Island Records, 44 min., artwork de Tom Robinson.