Un salon à la hauteur de plafond raisonnable. Un canapé avec un coussin, une table basse pour y poser ce que l’on pose d’habitude sur une table basse — un café, un livre, une télécommande, du bordel… tout ce que l’on ne trouve pas sur cette image. Sur une autre table, une lumière brille, mais elle est légère. Elle éclaire à peine la silhouette de Taylor Kirk, le leader et chanteur de Timber Timbre, ce groupe canadien au rock indie, folk, tamisé et précieux, dont les pochettes de disque sont toujours marquées par une sobriété qui se confond avec l’élégance. Du noir et du blanc. Des paysages dans lesquels les humains sont souvent absents, où au moins discrets. Des photos sans sujets réels, aux histoires suspendues au bon vouloir des imaginaires de ceux qui les observent de près.

Ombres

Ici, un escalier dont les marches ne mènent plus où que ce soit. Là, la photo d’une ville anonyme où les buildings grattent les dessous du ciel et où seules les lumières allumées des appartements témoignent de la présence des humains. Là encore, une maison abandonnée, dans laquelle quiconque aurait l’audace d’entrer aurait de grandes chances de croiser les spectres égarés d’un temps reculé. Partout, l’absence. Partout, une drôle de présence qui guette, qui rôde, qui existe malgré tout. Des ombres et des idées en suspens.

Vide

Là encore, sur la pochette de ce septième album studio, l’idée du vide. Car la chambre est sans doute celle d’un hôtel, reproductible à l’infini, et les tableaux sont ceux de paysages qui ne parlent plus à personne depuis longtemps. Le regard de Taylor Kirk est dans le vague et la posture celle d’un corps dans l’attente. Une photo sans histoire à propos de ces moments où plus rien n’existe, si ce n’est l’entre-deux. Et où parfois, à la suite d’une lueur, d’une pensée à peine esquissée, d’une image qui survient de nulle part, le geste créatif s’enclenche. Le grand vide avant l’opportunité du grand tout.

Timber Timbre (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram / YouTube)

Timber Timbre, Lovage, 2023, Hot Dreams Publishing, 34 min.