Fakear x Emma Le Doyen x Erbery – Animal


Fakear x Emma Le Doyen x Erbery - Animal (LP)

Comment illustrer un disque que l’on a choisi de nommer Animal ? Et bien avec des animaux, par exemple. Ou du moins, avec un plan rapproché sur ce qui constitue leur enveloppe corporelle, à ces animaux. Pour la pochette de son premier album, le Français Fakear, via son label Nowadays Records (La Fine Équipe, Clement Bazin, Douchka…) et le duo Emma Le Doyen (à la photo) / Erbery (au design) a ainsi focalisé l’objectif sur les plumes d’un perroquet ara, cet oiseau rendu célèbre par la culture populaire parce que les membres de son espèce sont capables de « parler », ou du moins, d’imiter relativement bien le dernier son prononcé par les espèces qu’il croise, et ceux produits par l’homme, notamment. Et tous les singles émanant de cet album, sorti après la parution d’une panoplie d’EPs (Morning In Japan, Dark Lands, Sauvage, Asakusa), sont illustrés de manière similaire, petit bestiaire toujours constitué par le même duo : la peau dure du gorille pour « Silver », les plumes du perroquet ara (macao cette fois) pour « Sheer-Khan », celles du flamant rose (beige pour l’occasion) pour « De la Luz », les rayures du tigre pour « Animal » (le single cette fois), et celles du zèbre pour « Light Bullet » (single finalement jamais sorti mais dont le titre est toutefois disponible sur l’album).

Taxidermie…

Et puisque Nowadays n’avait pas forcément les moyens (ni même forcément l’envie a priori) d’organiser un safari photo afin de réaliser cette série de pochettes de disques, c’est vers un taxidermiste parisien (le très réputé Design et Nature, rue d’Aboukir) que l’on s’est tourné afin de pouvoir réaliser ce concept, initialement pensé par Fakear, justement croisé peu de temps avant son set au Fnac Live dernier :

« Fakear, dans ma tête, ça a cette dimension un peu jungle, un peu sauvage, un peu animal. D’où le titre de l’album. Et d’où aussi le fait que je voulais retranscrire ça sur la pochette. Je voulais que la pochette de ce disque soit un bel objet, qui reste instinctif sans être intimident. J’avais en tête celle de l’album éponyme de Jungle, que je trouve vraiment hyper classieuse. Idéalement, pour toute dire, je pensais même à un mélange un peu étrange entre cette pochette de Jungle et celle de Closer de Joy Division ! Ce visuel-là, sans le petit « cadre » qui est dessiné autour (ndlr : par Peter Saville), je pense qu’il aurait été beaucoup trop chargé, et c’est ça qui lui donne toute son élégance ! J’ai alors envoyé des trucs que j’avais fait moi-même, un peu pouraves il faut bien le dire, à Nowadays. Des trucs avec un contour gris et à l’intérieure des textures de zèbres, de tigre, de girafe. Le label s’est alors chargés de trouver la photographe – Emma Ledoyen – qui a plus tard fait les photos de ces visuels-là. C’est elle aussi qui a fait le clip de « Silver ». On a alors discuté avec Nowadays où l’on pouvait trouver des textures d’animaux comme ça sans se déplacer au Kenya ou autre part en Afrique. Et ils ont eu l’idée du taxidermiste. »

…et Google Image

Et cette petite couronne, utilisée sur chacun des visuels de Fakear depuis son deuxième EP Dark Lands et qui se dresse en haut de la pochette de ce premier album en date, d’où vient-elle exactement ? « Elle vient de Paint et de Google Image ! Triangle isocèle + pentagone = ce truc-là ! C’est moi qui l’ai fait, et honnêtement, je ne sais pas exactement ce que ça représente. Un petit bonhomme qui lève les bras, une fleur de Lotus, une chaîne de montagnes. Je le comprendrai peut-être lorsque tout cela sera terminé, quand il sera temps de faire le point ! »

Fakear x Alice Dieudonné - Dark Lands

Fakear x Alice Dieudonné – Dark Lands

Le son

L’humain Fakear sort Animal, son premier album intervenu après la production de nombreux EP (les confidentiels Bird, Pictural, Backstreet, Washin’ Machine, puis les médiatisés Morning In Japan, Dark Lands, Sauvage et Asakusa) et après un nombre de lives tout simplement hallucinant menés au cours des derniers mois (remplir un Olympia sans album, quand même, fallait le faire). Aux côtés de Superpoze et de Thylacine, il incarne cette nouvelle génération de producteurs français capables de faire bouger neurones et bassins, de parler aussi bien au public Inrocks qu’à celui de Virgin, et surtout, de venir concurrencer les très gros noms inter du genre de John Talabot à Flume, de Four Tet à Pantha du Prince.

Fakear (Facebook / Twitter / Instagram / Soundcloud / Bandcamp)

Emma Le Doyen (Site officiel / Tumblr / Instagram)

Erbery (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram)

Les artworks de Fakear seront exposés du 12 au 14 janvier 2017 galerie Arts Factory à l’occasion de la 4e Nuit Néoprisme. Plus d’infos ici.

Fakear, Animal, 2016, Nowadays Records, 68 min., photo par Emma Le Doyen, design par Erbery