Kee Avil x Lawrence Fafard x Ariane Paradis — Crease


La compositrice, productrice et chanteuse montréalaise Kee Avil fabrique une musique complexe, bizarrement structurée, tordue comme sa voix qui, sur ses productions, s’enjaille, s’élève et s’étiole à mesure de ses humeurs claires et obscures. Elle soigne des tourments que l’on devine méchamment névrotiques par le biais de compositions savantes filtrant avec les univers de Björk, de Juana Molina, de Matmos ou de Rashad Becker. Le format est post-punk, nightmare-pop, noise, électro-folk, excessivement alternatif.

Mask off

Les visuels là pour l’illustrer, cette musique, nécessairement, sont du même acabit. Ici, sur ce disque paru sur le label montréalais d’avant-garde Constellation Records (Godspeed You! Black Emperor, Ought, Jerusalem in my Heart, Siskiyou…), Kee Avil joue ainsi avec son visage comme s’il s’agissait d’un masque.

Elle le triture, le déplace, en élargit certaines parties et en re-module d’autres et reçoit l’aide, pour la conception de la pochette extrêmement étrange de Crease (« Pli » en anglais), d’Ariane Paradis et de Lawrence Fafard.

L’une a créé le masque qui lui redessine la figure et lui donne l’allure d’une aliénée en pleine crise de folie avancée, l’autre a pris les photos qui ont servi de pochettes et d’éléments promotionnels à ce disque à ne mettre qu’entre les oreilles des plus avertis. Car si l’on sait ce qui advient de celle qui la compose, cette musique, on ne sait pas encore ce qu’il advient de celles et de ceux qui se la glisse, au cas casque ou via des enceintes modernes, aux creux de l’âme…

Kee Avil (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram / Bandcamp)

Kee Avil, Crease, Constellation Records, 2022, artwork de Lawrence Fafard (photo) et d’Ariane Paradis (masque).