Santoré x Mathilde Bedouet – Rochefort


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Pour la pochette de Silverado, le 3e EP de Santoré, Antoine et Mathieu Gouny avaient fait le job en interne. C’est en effet à leur mère – Sophie Gouny-Rampal – qu’était revenu le privilège d’illustrer le disque (présenté au Glazart pour la Nuit Néoprisme #2), via cette forme géométrique bien bizarre qui rappelait autant un insecte en dangereuse face de mutation qu’un vaisseau spatial émanant d’une planète pas encore répertoriée dans les annales astronomiques de ce monde-ci. Puis ce fut ensuite Diane Sagnier, graphiste, photographe et chanteuse (c’est la leadeuse de Camp Claude), qui posa sa patte graphique afin de trouver un visuel à That Ball, finalement représenté, de manière minimale, par une forme ronde évoquant un ballon, et par deux triangles évoquant les deux garçons du projet.

Dans la jungle, paisible jungle

Pour Rochefort, la nouvelle parution discographique de Santoré qui arrive en janvier, c’est au tour de Mathilde Bedouet, qu’on a notamment pu croiser aux côtés de Gush, de s’essayer. Antoine : « au départ, on cherchait un(e) graphiste pour trouver une identité visuelle cohérente avec ce nouvel EP, à la fois nostalgique et naïve, mais un peu plus mature que les précédents. Via une amie en commun, on a pu rencontrer Mathilde et le courant est tout de suite passé ! On a avancé quelques pistes, plutôt « techniques » sur le type de graphisme que l’on souhaitait, et deux jours après, Mathilde nous a envoyé plusieurs cartons avec cet univers coloré de la jungle et des masques, et ça nous a immédiatement plu ! C’était exactement les émotions que l’on souhaitait transmettre, un monde coloré, dense et enfantin, dans lequel on pouvait trouver un certain plaisir à se perdre. Et en plus, travailler avec Mathilde a été un vrai plaisir ! L’aventure avec elle, ne va pas s’arrêter là ! »

Des hommes et des masques

Alors, les deux protagonistes ont beau porter sur le visage des masques étranges d’animaux, immobile et stoïques, il n’y a évidemment pas là de rapport avec les orgies dénudées et masquées proposées par l’Eyes Wide Shut de Kubrick. Ne voyons pas la perversité adulte partout. Et surtout pas ici. Mathilde : « J’ai voulu avec ce visuel retranscrire graphiquement l’atmosphère enfantine, joyeuse de Santoré. L’idée d’enfance et de jeu est mise en avant par les masques d’animaux qui cachent leurs visages. J’ai voulu les plonger dans une jungle fournie et colorée à l image de leur musique. J’ai d’abord réalisé un croquis au crayon que j’ai mis au propre numériquement. »

Et comme le précisait Antoine, qui avec le frangin Mathieu, nous parlait il y a quelques mois de ce qu’ils appréciaient en terme de pochettes de disques, la collaboration ne devrait pas s’arrêter là. Ce qui représente, en soi, une excellente nouvelle, tant la patte colorée et délicate de Mathilde convient à la pop des Santoré, qui ne l’est au moins autant. Collision idéale.

Le son

Avec Rochefort, les frangins Gouny poursuivent l’élaboration d’une poptronica qui tend vers le nostalgique lorsqu’elle ne joint pas l’euphorique, présentant ainsi les deux extrêmes de ce que l’on peut ressentir lorsque l’on est pas encore en âge de remplir correctement une feuille d’imposition. Santoré continuent alors d’explorer son enfance, sa post-adolescence et un peu plus loin, et il faut bien avouer que l’on prend du plaisir à le faire avec eux.

Santoré (Facebook / Twitter / SoundCloud)

Mathilde Bedouet (Viméo / Instagram)

Santoré, Rochefort, 2016, 21 min., pochette par Mathilde Bedouet