À travers le prisme de : Camp Claude


Avant d’étaler sa voix suave, patiente et caressante sur les productions globalement post-punk et new wave de deux de ses plus illustres contemporains (Leo Hellden et Mike Giffts de Tristesse Contemporaine), et de mener à bien le projet Camp Claude (qui aboutit aujourd’hui à un premier album, Swimming Lessons), c’est vers les arts graphiques et visuels que Diane Sagnier tournaient plutôt le regard, elle qui, polyvalente, se faisait (et se fait toujours) à la fois graphiste, photographe et réalisatrice. C’est d’ailleurs elle, parce qu’elle est aime garder un oeil attentif à l’ensemble de ce qui émane de son projet et parce que cela représente son savoir-faire premier, qui s’est chargée de la réalisation de la pochette aqueuse et trempée de cet album, traduction visuelle évidente de ce qui est suggéré dans le titre.

Parce qu’elle pose, forcément, un oeil attentif au dialogue « artwork & musique », et parce qu’elle présentera son Swimming Lessons ce mercredi à la Maroquinerie parisienne c’est à travers son prisme renseigné que l’on considère aujourd’hui la pochette d’album.

Camp Claude - Swimming Lessons

D’abord, qui es-tu ?

Je suis… Diane Sagnier, photographe, réalisatrice et musicienne franco-américaine, je viens du Sud de la France mais je suis parisienne actuellement.

La pochette d’album mythique pour toi, c’est laquelle ?

Euh… Je pense que c’est celle de Joy Division, Unknown Pleasures, mystérieuse, mythique, magnétique et super esthétique.

Joy Division x Peter Saville - Unknown Pleasures (1979)

Joy Division x Peter Saville – Unknown Pleasures (1979)

Et celle que tu trouves la plus belle ?

Laisse-moi réfléchir… C’est la pochette de Melody Echo Chamber, c’est moi qui l’ai shooté ! (rires)

Melody's Echo Chamber x Diane Sagnier - Melody's Echo Chamber

Melody’s Echo Chamber x Diane Sagnier – Melody’s Echo Chamber

La plus laide ?

Euh… La plus laide ? Attends… Dans le genre « laid » mais quand même très cool je dirais Sum 41, All killer, no filler avec leur têtes d’attardés mignons, Does this look infected ? bien dégueu.

Récemment, y-en- a-t- il une qui t’a marqué ?

Récemment, oui ! Royal Blood, même si c’est peut-être pas très récent, l’illustration est vraiment cool et travaillée. Celle des Savages shootés par une amie, TIM, le poing brandit, bien serré, simple mais superbement efficace !

L’artiste/les groupes que tu trouves les plus cohérents d’un point de vue visuel ?

Bonne question ! Les White Stripes, haha! C’est le groupe le plus cohérent d’un point de vue visuel. Ils ont gardé une belle ligne directrice, ces lignes « blanches » (rires).

Le dernier concert qui t’a marqué ?

Fat White Family ! À la Maroquinerie.

La dernière expo qui t’a marqué ?

L’exposition au musée d’Orsay qui s’appelait Splendeurs et misères m’a pas mal marquée, c’est sur l’histoire de la prostitution dans l’art, c’était bluffant. J’y ai retrouvé des oeuvres dont je n’avais pas idée qu’elles ferait partie de cette collection. Les prostituées étaient les premières grandes muses d’artiste, amantes inspirantes… je trouve ça très cool. Moins cool quand l’état d’esprit des gens a changé, la prostitution est devenu sale, et la naissance de ce qu’on appellera aujourd’hui le « slut shaming » en a découlé. La perte du pouvoir sexuel des femmes aussi.

Musée d'Orsay - Splendeurs et misères

Si tu devais associer un créateur de son et un créateur d’image au service d’une pochette d’album ? Sur quelle association fantasmerais-tu ?

Ce qui me fait fantasmé le plus c’est quand l’artiste réalise lui même sa pochette ! Illustrations, typographie ou photographie, c’est toujours ce qui me touche le plus !

La pochette d’un disque peut-elle influencer ta manière de l’écouter ?

Bien sûr, mais je sais faire la part des choses aussi, l’image est importante mais la musique reste de la musique pour mon cerveau, les pochettes illustrent de manière subjective quelque chose qui s’écoute avant tout.

Pourquoi va-t- on entendre parler de toi prochainement ?

Parce qu’on a un super album qui vient de sortir ! (rires)

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Diane Sagnier (Site officiel / Viméo)

Camp Claude, Swimming Lessons, 2016, Believe Recordings, 35 min., pochette par Diane Sagnier