OrelSan x Rægular x Alice Moitié – Civilisation


OrelSan x Rægular x Alice Moitié – Civilisation
OrelSan x Rægular x Alice Moitié – Civilisation (2021)

Une bande verte, deux carrés bleus, deux carrés rouges, une bande noire percée en son centre par un shuriken blanc, des carreaux blancs comme sur le logiciel de retouches Photoshop… Le sujet central est là, il surplombe son auteur qui se positionne juste devant : au centre de la photo illustrant Civilisation, l’album d’OrelSan certifié disque d’or avant même d’être sorti (50 000 précommandes = disque d’or), un drapeau flotte et attire irrémédiablement l’œil.

Le drapeau imaginaire d’un monde post-apocalyptique, d’une micro-nation.

Orelsan

L’expression, pour une fois, n’est pas galvaudée : ce drapeau est bel et bien l’étendard de ce disque, on le retrouve un peu partout – dans le merchandising, sur les visuels de tournée ou même sur le blouson que porte le rappeur dans le clip de “L’odeur de l’essence” ou dans celui de « Jour meilleur » – dans l’univers visuel de ce quatrième album, paru quatre ans après le précédent La fête est finie.

OrelSan, lui, figure au premier plan de cette pochette, le regard égaré dans des pensées que l’on devine lointaines. Ce n’est ni un geste de dévotion à cet étendard, et moins encore un geste de défiance. C’est une photo prise dans le feu de l’action par la talentueuse Alice Moitié, et qui dit la réflexion d’un rappeur qui paraît bien loin de l’image d’artiste au bord de la crise de nerfs et au katana (élément iconographique samouraï que vient compléter, aujourd’hui, le shuriken) porté dans le métro qui figurait sur la pochette de La fête est finie.

Conçu par le français Rægular (vu avec Nekfeu, avec Alpha Wann et surtout avec Lomepal), cette création est “le drapeau imaginaire d’un monde post-apocalyptique, d’une micro-nation”, déclarait OrelSan à Ouest France au moment de la sortie du disque. “Avec le bleu et rouge de la France qui sont aussi les couleurs de Caen, du vert pour la province et la nature, une étoile ninja pour le fun, pour se défendre et pour l’espoir, et des carreaux blancs où comme sur Photoshop chacun peut ajouter sa partie”. Constater que le règne de la civilisation ultra-libérale et son consumérisme à outrance s’essouffle, et que sa course autodestructrice est sur le point de toucher à son terme (« On va tomber comme les Mongols / Comme les Égyptiens, comme les Romains, comme les Mayas, comme les Grecs / Faut qu’on reboot, faut qu’on reset« ) et proposer, dans le même temps, la possibilité d’une reconstruction collective. OrelSan baignerait-il, désormais, dans le rap conscient ?

Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué, ils seront détruits par la bête qu’ils ont créée.

Orelsan, « L’odeur de l’essence »

« En appelant l’album Civilisation je pensais surtout à la science-fiction, à Fondation d’Isaac Asimov. Le drapeau sur la pochette, c’était l’idée de reconstruction post-apocalyptique », complète-t-il dans une interview accordée à l’Agence France Presse.

La Civilisation narrée par OrelSan dans son disque (qu’il résume, dans son morceau en featuring avec Gringe, comme un album “qui parle que de [sa] meuf et de la société”) serait donc un condensé d’éléments tirés de l’univers onirique et discographique d’OrelSan (le shuriken pour l’univers ninja qu’il évoque régulièrement ou le bleu et le rouge de Caen, la ville dont il est originaire et près de laquelle il est revenu s’installer récemment) et d’éléments visant à reconstruire ce qui reste à repenser (la référence à PhotoShop).

C’est un classique et c’est ce qu’il faut retenir ici : l’individuel touche finalement aussi à l’universel. On aura besoin des deux, cela tombe bien, pour tout reconstruire.

Les 15 designs différents, à l’image des 15 titres de l’album, proposés par Rægular. Et en version limitée, bien sûr.

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Alice Moitié (Site officiel / Instagram / Twitter)

OrelSan, Civilisation, 2021, Wagram Music3ème Bureau / 7th Magnitude, 58 min., design par Rægular, photos par Alice Moitié