Nicolas Michaux x Lara Gasparotto x Simon Vanrie – À la vie, à la mort


Nicolas Michaux x Lara Gasparotto x Simon Vanrie - À la vie, à la mort

Du sol terreux et verduré d’une montagne hautement perchée (et entourée par d’autres corps montagneux) s’échappe une vapeur, souffle volatil répandant sa grâce et sa fulgurance dans un éther aéré. Au milieu du souffle, qui évoque le caractère venteux tout autant que le caractère lumineux, un corps, torse nu et féminin a priori, se débat, ou entre en communion peut-être, avec cette émanation de la Nature dont la rencontre donne la sensation d’une danse tribale et mystique, incantation effectuée à l’encontre d’une divinité, fictive ou bien réelle, qui aurait un quelconque rapport avec la création / la domination des espaces aériens. Poésie certaine et beauté évidente.

Réseau liégeois

Ce panorama vertigineux, utilisé pour illustrer le superbe premier album du Belge Nicolas Michaux (Tôt ou Tard), il est issu de l’œuvre photographique déjà très fournie de la photographe liégeoise Lara Gasparotto (on parle donc du réseau arty du plat pays), adepte de ce dialogue, récurrent, entre les formes humaines et les formes « naturelles » (en cela, son travail est proche de celui du photographe et réalisateur Julian Feeld, et tout particulièrement de série La Forêt). Sur ce visuel-là, on retrouve d’ailleurs les obsessions les plus régulièrement assumées de cette photographe pas encore trentenaire, de ces corps jolis de femmes peu vêtues, de ces espaces très spacieux, ce ce vert de la Nature, beaucoup, capté d’ailleurs dans sa couleur initiale ou par le biais du noir et du blanc.

Julian Feeld

Julian Feeld – La Forêt

À la vie, à la mort, au reste

Et si ce visuel-là, élément du répertoire photographique de Lara Gasparotto depuis un moment déjà et habillé graphiquement par Simon Vanrie (qu’on avait déjà vu faire de même avec le Jardin des Délices de Jérôme Bosch, mis au profil de l’album de PAON), se retrouve réutilisé ici pour les besoins de ce premier album, c’est que son titre (À la vie, à la mort) fait formidablement écho aux sensations, contradictoires et complémentaires, de dangerosité et d’extrême vitalité véhiculées ici. Toute existence, en effet, ne termine-t-elle pas ainsi, lorsque le temps imparti est écoulé, poussières de vies passées volatilisées dans ces airs infinis et restreints ?

Lara Gasparotto (photographie originelle)

Le son

Du folk fourni au psychédélisme perché, du Français à l’Anglais, des joies et des défaites du couple aux dégueulasseries du monde moderne, de Kinshasa à Copenhague en passant par la capitale bruxelloise : échappé d’Été 67, Nicolas Michaux livre un premier album d’une densité et d’une diversité admirable, signé chez Tôt ou Tard et révélateur d’apprentissages culturels pluriels. À la vie, à la mort, et à ce que l’on fait pour passer le temps entre les deux.


Nicolas Michaux (Site officiel / Facebook / Youtube / TumblR)

Lara Gasparotto (TumblR / Instagram)

Nicolas Michaux, À la vie, à la mort, 2016, Tôt ou Tard, 40 min., photo par Lara Gasparotto, graphisme par Simon Vanrie