Gloria x Wendy Martinez – Gloria In Excelsis Stereo


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« G.L.O.R.I.A. » Ça les agacera forcément (mais ils doivent être habitués, comme ceux qui portent le même prénom qu’un personnage fictionnel / public un peu trop célèbre…), mais on ne pourra pas s’empêcher de se l’épeler et de se le répéter, ici, le nom de cette fille et de cette chanson, composée d’abord en 1964 par Van Morrison pour son groupe Them, puis reprise 100 fois – sans doute plus – depuis (The Gants, Jimi Hendrix, Patti Smith, U2, Frank Zappa, David Bowie, Noir Désir, Santa Esmeralda, 13th Floor Elevators…), en prenant bien soin de rester un moment sur le « o », et de jeter à la pâture le « a »…

Seins nus, fleurs dans les cheveux, douceurs : 60’s !

Gloria, et ce tube qui a touché l’universel depuis bien longtemps, les six membres (trois filles et trois garçons) de ce groupe qui a donc décidé de se nommer aussi de cette manière-là, ils n’en ont pourtant visiblement pas grand-chose à foutre. Alexis, à la guitare : « en lisant les paroles de ce morceau, le scénario ressemble tellement à un fantasme d’adolescent que d’aucuns y voient une ode à la masturbation. Gloria est un fantasme… » Alors voilà pour le premier référent culturel. L’autre référence visible, c’est-à-dire le psychédélisme des 60’s, évidente lorsque l’on pose les deux oreilles à l’intérieur de ce premier disque – Gloria In Excelsis Stereo – et les deux yeux sur sa pochette, elle est par contre nettement plus assumée :

« Le psychédélisme 60’s est marqué, absolument. Mais il n’y a pas de signification formelle à cette pochette. D’abord une atmosphère générale censée représenter la musique (des filles, les années soixante, de la couleur et du noir). Et puis peut-être deux humeurs différentes : une compote de filles conquérantes et deux autres plus timides… »

« C’est joli non ? Faut pas trop chercher »

Des filles, effectivement, il y en a trois dans le groupe (dont Wendy Martinez, également dessinatrice de cette pochette-là, comme de celle de l’EP Beam Me Up), et le double sur la pochette de ce premier album paru sur l’excellent Howlin Banana Records (The Madcaps, Kaviar Special, Los Dos Hermanos, Volage…) Un dédoublement des personnalités ?  Un miroir des âmes ? Une symbolique à trouver dans cette curieuse association de dessins « terminés » (avec couleurs et formes distinctes) et de dessins encore au stade embryonnaires (les contours seulement dessinés, le noir et le blanc..) ? Que dalle.

« Sur cette pochette, c’est aucune d’entre nous. Ou toutes. Trois chanteuses, ça pousse juste à la féminisation des pochettes. Les dessins de Wendy Martinez, c’étaient des croquis qu’on a scanné puis colorisé. Les deux esquisses à gauche se sont imposées d’elles-mêmes comme esquisses, transparentes, plus fantomatiques… C’est joli non ? Faut pas trop chercher, c’est surtout du graphisme spontané sous Cabernet Sauvignon. » Voilà, on cherche pas plus loin. C’est juste très réussi.

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Gloria x Wendy Martinez – Beam Me Up

Le son

Sur un label (Howlin Banana Records) qui défend avec tant d’assiduité une esthétique clairement orientée garage / psychédélisme / shoegaze (des Madcaps à Kaviar Special, on est dedans), Gloria incarne sans doute la frange la plus pop, via ce projet qui puise dans les glorieuses années 60 afin d’y trouver ces mélodies qui caressent, ces chants légers qui se superposent (sans se gêner), ces guitares qui se dispersent mais retrouvent sans cesse leur chemin (celui du morceau qui ne s’étiole jamais trop), et qui aboutissent à l’un des plus jolis albums du genre aperçus au cours des derniers mois. Gloire à Gloria.

Gloria, Gloria In Excelsis Stereo, 2016, Howlin Banana Records, 40 min., pochette par Wendy Martinez