Ambrøse x Linda Petrova – Ambrøse


Ambrøse x Linda Petrova – Ambrøse

Toujours se méfier des références culturelles trop rapidement assimilées. Plutôt que dans l’art multiforme de Prévert, comme on pourrait l’envisager au premier abord, les collages surréalistes de Linda Petrova trouvent en effet leurs origines dans les tableaux épinglés, nombreux et tous azimuts de Pinterest, un réseau social dont la jeune graphiste d’origine russe est particulièrement friande, et où elle assure avoir trouvé la base de l’idée de ce visuel difforme qui constitue la toute première pochette du projet Ambrøse.

Du Nord au Sud

Ce projet, et comme elle le fait pour la web radio hébergée sur Radio Campus Broken Art Club (gérée par Félicie et Christophe, respectivement au chant / clavier et au son sur Ambrøse) elle en gère l’identité visuelle depuis ses débuts (le logo avec le « A » barré, c’est donc elle aussi), une identité qu’elle a construite, comme ce n’est pas toujours le cas, main dans la main (ou moignon le dans le moignon ?) avec le reste du groupe.

Graphiste chez Aigle la journée – la marque qui fait des supers bottes de pluie – Linda, jointe en soirée, témoigne : « Bien sûr, je suis force de proposition, mais je ne peux personnellement pas bien travailler sans que l’on m’ait fixé une idée directive. Sinon je pars dans tous les sens ! Là pour la pochette de l’EP, les thèmes mis en avant par le groupe étaient les mêmes que ceux qu’ils mettent en avant pour composer leur musique : se rapprocher d’une esthétique tribale tout en restant fidèle à l’imagerie du Nord ».

Tête de cerf et Illuminati

Le son véhiculé par Ambrøse, dès lors que l’on cale le tympan sur ce premier EP et sur les quatre pistes qui le composent, évoque bel et bien cette fusion entre le Sud subsaharien et le Nord en-dessous de zéro (en ce sens et via cette idée de « synthpop froide et tribale », le trio est proche de ce que savent faire les Suédois de The Knife). D’un point de vue « image », toutefois, et outre ce logo et son « A » barré comme un lettrage scandinave qui contrebalancent un peu l’idée générale, c’est vers le côté tribal que l’on penche très nettement.

Ce « monstre sacré et fantasmé » qui a émergé des collages de Linda, clairement pas issu de la mythologie viking, donne en effet plutôt la sensation d’être sorti tout droit de la vidéo de « Fag Ends », comme si les danses tribales et invocatrices des acteurs présents dans le clip avaient fini par donner la vie à cette monstre au torse doublé (l’un est masculin et l’autre féminin), fusion inattendue d’un squelette de tête de cerf, d’un moignon terminé par une oreille et des défenses d’un éléphant collées dans le dos comme les ailes d’un archange céleste. On retrouve aussi ici, comme souvent dernièrement dans des pochettes où pullulent les détails (chez Blind Digital Citizen, chez Weird Black…), une référence aux yeux conspirateurs des Illuminati. Étrange obsession.

Chacune de ces images, détachées de leur tout, ont également été associées à un morceau en particulier de l’EP. Par exemple, « Fag Ends » est lié à la tête de cerf, parce que Linda souhaitait « associer le détail le plus fort du visuel à la chanson qui a mon sens est la plus forte de l’EP ». Et pourquoi y a voir mis des yeux à cette carcasse d’animal ? « Je sais pas trop. Je crois que ça me plaisait de l’humaniser un peu, ce monstre ! »

Le son

Après quelques morceaux dispersés ça et là sur la toile (« Le Dernier Homme », « Goddesses », « Merciless »), et après être passé d’une formation à deux à une formation à trois, Ambrøse fait paraître un premier EP synthpop, dominé par les voix de Félicie Moreau et d’Alexandre Hiron, qui zieute l’atmosphère en même temps que la terre. C’est-à-dire que le disque fait rêver et danser en même temps.

Ambrøse (Facebook / Twitter / SoundCloud / YouTube)

Linda Petrova (Pinterest)

Retrouvez l’interview fleuve et noctambule d’Ambrøse chez nos partenaires de La Nuit Nous Attendra.

Release Party le vendredi 23 octobre à L’International.

Ambrøse, Ambrøse, 2015, 13 min.