Weird Black x Luca di Cataldo – And You Are Lost


Weird Black x Luca di Cataldo – And You Are Lost

Une pieuvre en train de décoller comme une fusée à réaction. Une lune ensoleillée qui attire vers elle une nuée d’étoiles. Une soucoupe volante. Un crucifix. Une arête de poisson. Une tête meurtrie et détachée du reste de son corps. Une pendule. Un dragon à trois yeux qui crache un feu étrange, et qui porte au bout de sa queue en écailles une guitare pleureuse. Un homme et une femme torses nus, assis sur un nuage gris en train de laisser échapper quelques éclairs violents (il est possible que l’homme en question ressemble au chanteur du projet…). Cette litanie de symboles, proche de l’esthétique naïve et toute colorée des Flower Power, est issue du petit Pays des Merveilles façonné par le chanteur et guitariste Luca di Cataldo, qui propose de voir par les mots et les images de And You Are Lost, la première sortie discographique de son projet Weird Black (il partage à côté avec Giampaolo Scapigliati le projet Holidays), le monde à travers l’œil d’un enfant dont la franchise du regard n’aurait pas encore été galvaudée par la triste et pâle réalité des adultes.

Obsessions infantiles, gore camouflé (la violence, omniprésente, n’a pourtant ici rien d’effrayant) et aubaine pour le psychanalyste courageux qui aurait pris le parti de faire venir Luca vers le confort relatif d’un divan (est-ce pour marquer cette référence thérapeutique que le personnage masculin est justement allongé ?). Un patient qui prévoit, après cette première séance un peu foutraque, d’illustrer chacun des morceaux de Weird Black par une création visuelle comparable à ce qu’est celle de And You Are Lost.

Et parce qu’ils se font eux aussi créateurs de sons et créateurs des images qui en illustrent les façades rythmiques, on imagine bien Luca attentif à l’identité visuelle, frontale et apparemment simpliste, de l’Américain Daniel Johnston, ainsi qu’à celle du Canadien Chad VanGaalen, adepte comme lui, quoiqu’elle soit bien plus glauque et bien plus grabataire, d’une imagerie faisant du cartoon monstrueux un leitmotiv absolu.

Grotesque, absurde, flippant et attendrissant. Comme dans un tableau dadaïste un peu simplet. Comme dans le rêve d’un enfant, surtout, qui aurait déjà développé, et malgré son très jeune âge, une imagination débordante.

Le son

Contrairement à ce qu’affirme le titre de And You Are Lost, la première sortie digitale de Weird Black (Luca di Cataldo, Giampaolo Scapigliati & Matteo Caminoli), on ne se retrouve pas totalement perdu à l’écoute d’un morceau qui vagabonde sur les traces connues, même si elles sont de moins en moins suivies par le monde du siècle XXI, d’un anti-folk psyché-sensible façon Daniel Johnston ou The Moldy Peaches. Revival faussement minimal et vraiment rafraichissant, plein d’une personnalité qui devrait s’affirmer un peu plus encore bientôt.


Weird Black (Facebook / SoundCloud)

Weird Black, And You Are Lost, 2015, 2 min., pochette par Luca di Cataldo