Vanessa Wagner x Laurent Pernot — Study of the invisible


Remarqué en 2016 avec son album collaboratif avec le producteur mexicain Murcof ou encore en 2019 avec l’album [Inland], la compositrice et pianiste Vanessa Wagner revient, chez InFiné, avec un album rendant hommage aux travaux de Suzanne Ciani, de Harold Budd, de David Lang, de Bryce Dessner, de Philip Glass. En guise d’illustration, elle s’appuie sur le travail de l’artiste Laurent Pernot, et sur ces lèvres qui ont su traduire, à ses yeux, le lien mystérieux qui existe entre des lèvres qui, pour la première ou énième fois, se rencontrent.

Vanessa, nous avions évoqué ensemble il y a quelques mois l’artwork de ton album [Inland], illustré par Laurent Baheux. Pourquoi as-tu choisi de partir, avec le visuel de Study of the invisible, vers une autre direction ?

Je n’avais pas envie de donner l’impression que je commençais une « collection » d’albums. Bien sûr, Study of the invisible peut être considéré comme une sorte de suite de Inland, ou plus exactement une poursuite de l’exploration de ce répertoire. Mais je n’y vois aucune redite, et je souhaitais pour ce disque un visuel plus intime. La photo de Laurent Baheux qui illustre Inland était très forte avec ce noir et blanc contrasté, ce cheval si libre qui avait une présence tellement forte à l’image. Il était difficile d’oublier l’image et de partir sur une autre photo. J’avais choisi une autre artiste peintre qui fait de l’aquarelle, mais le format CD ne rendait pas grâce à son travail.  

Vanessa Wagner x Laurent Baheux – [Inland]

Cette fois, tu t’es associée à Laurent Pernot. Pour quelle raison et qu’as-tu trouvé dans ce travail qui t’a convaincu que vos deux univers pourraient cohabiter ?

J’ai découvert son travail par hasard en allant visiter une expo à la galerie RX dans le Marais. J’ai vu cette petite sculpture accrochée dans un petit coin, accrochée par un simple fil doré, et j’ai été émue par la sensualité et le mystère qui s’en dégageaient. Ces bouches à la fois proches et figées, ce baiser qui est comme pétrifié, et pourtant si vivantes, ce lien invisible, insaisissable entre les lèvres, cela me semblait en accord avec la musique que je joue dans ce disque, à la fois très lumineuse et infiniment mélancolique. 

Avez-vous travaillé ensemble sur l’élaboration de cette pochette de disque ? Ou est-ce un travail plus autonome de Laurent Pernot ?

Laurent nous a donné l’autorisation d’utiliser son œuvre, il a pris des photos sous plusieurs angles et j’ai choisi. Le graphiste d’InFiné m’a proposé plusieurs versions de couleurs, et nous avons soumis le tout à l’artiste. Je souhaitais garder le côté très minimal, sobre, et très fort de l’œuvre originale. 

Ce disque se nomme donc Study of the invisible. Quelle connexion trouver entre ce titre-là et le visuel qui l’accompagne ?

L’invisible, c’est ce qui à mon sens est si précieux dans nos vies, ce qu’on ne formule pas nécessairement avec des mots, ce qui vit entre les sons, entre les notes, les silences qui prennent du sens. Ce sont ces liens qu’on tisse sans même s’en apercevoir en nous-mêmes ou avec les autres, dans nos différents mondes. C’est la part de mystère, d’ombre, qu’on finit parfois par entrevoir, et à laquelle je laisse beaucoup de place dans ma vie de femme et d’interprète. Cette sculpture à la fois vibrante et intemporelle dit tout cela. 

Vanessa Wagner (Site officiel / Facebook / Instagram / YouTube)

Vanessa Wagner, Study of the invisible, 2022, InFiné Music, photo de Laurent Pernot