The Soft Moon — Exister


Il y a quelques années, Luis Vasquez, porteur du projet The Soft Moon, assumait pour la première fois d’illustrer l’un de ses albums (Criminal, 2018) avec une photo de lui-même, troquant les travaux graphiques et énigmatiques de ses trois premiers essais (The Soft Moon en 2010, Zeros en 2012, Deeper en 2015) pour une image qui le mettait, enfin et directement, au centre du propos.

Le disque lui-même plongeait enfin dans l’intime et dans l’exploration des bouleversements vécus par un homme chez qui l’enfance fut à placer sous le signe de la tristesse, de la violence, de la douleur. Pour Luis, ce ne fut pas la joie et la musique de The Soft Moon, fatalement, s’en ressent.

The Soft Moon x  Marion Constentin - Criminal
The Soft Moon x Marion Constentin – Criminal

Intime

Intime, toujours et plus encore sur ce nouvel album au nom révélateur — Exister — et aux préoccupations clairement formulées par celui l’a pensé, écrit, composé, interprété. « Le but de cet album était de partager toutes mes émotions », dit-il à propos d’un disque où certains tubes, comme « Become the Lies », se font plus pop, mélodiques et éclaircis que par le passé (parler de ses névroses permettrait-elle, parfois, de les soigner ?), mais dont le tout demeure globalement dans une verve teintée de noirceurs très existentielles. Luis Vasquez ne murmure plus, mais chante, désormais, car il a de la place pour le faire (un déménagement l’a conduit de l’urbanité de Berlin aux grands espaces de Joshua Tree, Californie). « Je me suis souvent plaint de ne pas avoir assez de liberté pour faire ce que je voulais » dit-il. « Cette fois, j’avais tout à ma disposition. ».

Origines

Il poursuit : « Il n’y a pas deux chansons identiques. Il s’agit d’exister en tant qu’être humain et de vivre différentes expériences tout au long de sa vie. » Raison pour laquelle, c’est le Luis Vasquez enfant, celui amené aujourd’hui à porter un regard sur le Luis adulte, qui illustre la pochette. La photo est grise, le regard de l’enfant turbulent, son visage est scindé en deux par une typographie qui rappelle le nom du projet. Elle fonctionne comme le témoignage d’un parcours réussi qui aura amené Luis l’enfant mal-aimé vers les chemins de l’adulte artiste accompli qui se soigne. Et qui tente, contre vents, marrées et paniques de longues plages de synthés (« I feel sick everyday inside the sulphur »), introduit-il sur « Sad Song »), de continuer à exister.

The Soft Moon (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram / Soundcloud)

The Soft Moon, Exister, 2022, Sacred Bones Records / Modulor, 37 min.