Samba de la Muerte x Sarah Guillain – Colors


Samba de la Muerte x Sarah Guillain – Colors

Le premier album de Samba de la Muerte est un album à écouter (fonction première), mais aussi à regarder. Car Adrien Leprêtre – habituel membre de l’influente et popeuse mafia caennaise scindée autour de Concrete Knives – a pris le soin d’associer à chacun des dix morceaux qui composent ce Colors un visuel tout en couleurs et en collages superposés. Odyssée sonore, odyssée visuelle.

Couleurs & collages

Imaginés par la graphiste Sarah Guillain, pas loin du travail proposé par Leslie David (récemment en charge de l’artwork du dernier Bertrand Belin et du dernier Housse de Racket), ces collages épurés et minimaux sont là pour relater une histoire et une ambiance, le tout de manière plus ou moins directe. C’est ainsi particulièrement évident pour le morceau éponyme du disque (« Colors », dont les couleurs chaudes rappellent les instrumentations nord-africaines du morceau) ou pour « Le Vent » (morceau plus froid et plus électronique composé après un voyage en Islande), et un peu moins pour d’autres (comme pour « The Beat », où la sensation de vertige instaurée par le visuel fait référence au texte, qui parle de danse et de perte de contrôle sur soi-même), où la proposition visuelle renvoie plus à l’idée de suggestion qu’à celle de traduction pure et dure.

Le son & l’image, en même temps

Adrien, rencontré rue de Charonne : « On est parti composer l’album avec Corentin (ndlr : leader du projet Faroe, lui aussi membre de Concrete Knives et de la formation live de Samba de la Muerte) dans un gîte. Sarah, ma copine, était là aussi. Pendant que Corentin et moi composions, elle imaginait de son côté les collages qui devaient donner naissance à la pochette de Colors. Et elle en a au final fait beaucoup, des collages. C’est pourquoi on a décidé de faire un visuel (et donc une planche de collages) pour chacun des 10 morceaux que contient le disque. On a vraiment créé le son et l’image de manière simultanée, et c’était hyper important pour moi de marquer un lien clair entre les deux ».

Un œil sur la typographie utilisée ici, également sélectionnée par Sarah, donne une indication évidente sur le timbre global de l’album, largement attiré, dans ses sonorités et dans l’esthétique qu’il développe, par les contrées arabisantes qui dominent de l’autre côté de la Méditerranée. Comme les milles et une nuits colorées d’une samba finalement bien vivante ?

Le son

Si l’expérience Samba de la Muerte, et par filiation l’expérience Concrete Knives, évoque largement celle de Frànçois Marry et de ses Atlas Mountains, ce n’est pas simplement parce qu’elle fonctionne, elle aussi, comme une mafia familiale soudainement devenue bienveillante au sein de laquelle chacun des membres serait disposé à bien vouloir donner un coup de main sur le projet de l’autre (sur Samba, Adrien Leprêtre bosse par exemple avec Corentin Ollivier, lui aussi membre de Concrete et à la tête du projet Faroe, auxquels d’autres Concrete participent en live). C’est aussi que ce premier album, ruisselant de bonnes idées et de contrées savamment relatées, possède le même attrait que les Bordelais open-minded pour le voyage long séjour à diverses escales, mais qui aime tout de même s’arrêter, le plus longtemps possible, sur les espaces les plus luxuriants des habitats africains (« You’ll Never Know When I Lie », « Tanger », « Ghadir »…) Horizons vertigineux et premier album absolument précieux.

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Sarah Guillain (Site officiel)

Samba de la Muerte, Colors, 2016, Yotanka, 39 min., pochette par Sarah Guillain