Le Prince Miiaou – Victoire


Les chest protector, lorsqu’ils sont utilisés dans leur fonction première, servent à se protéger de la brutalité et de la violence d’un sport, le paintball, une activité qui consiste à éliminer son adversaire en le touchant avec des billes de peintures, généralement actionnées par air comprimé ou par CO₂. Les traces laissées sur le corps par les impacts, généralement, sont douloureuses.

« Je l’ai acheté 3€ ; plutôt rentable comme costume de scène ! »

Maud-Elisa Mandeau, elle, ne joue pas au paintball. Ses épaules son trop frêles et son âme, sans doute, trop sensible. Elle aborde toutefois sur la pochette de son nouvel album (celui du Prince Miiaou, qu’elle gère seule depuis plus de dix ans et la sortie de Nécessité microscopique!, en 2007), nommé comme ces cris de guerre que l’on entonne à la suite d’une bataille aux finalités heureuses – Victoire – ainsi que sur les deux clips qui en sont issus, cette combinaison baroque, fête de rouge et de bleu, habit solide et rétro (la combi en question date des années 80) qui donne à la française de vagues allures, l’élégance en plus, de conquérante d’univers inconnus, versions séries télévisées des années 80 – Bioman, par exemple.


Maud-Elisa, sur cet artwork :

« Ça faisait un moment que je cherchais à m’élargir les épaules, (sans faire de sport j’entends), pour me dessiner une silhouette façon  football américain sur scène, mais aussi pour endosser, porter le projet totalement autoproduit (c’est lourd parfois, et mieux vaut être carrée pour encaisser certains trucs). Je pratique tous les dimanches l’art du vide-greniers, c’est ainsi qu’au détour d’une allée, juste avant de partir j’ai trouvé ce vieux chest protector taille enfant datant des années 80. Je l’ai acheté 3€ ; plutôt rentable comme costume de scène !

En rentrant du vide-greniers, j’ai commencé par le laver au jet d’eau. Le truc avait vraiment beaucoup vécu et sentait encore, 25 ans après, l’effort du propriétaire. Le lendemain, je suis montée dans mon grenier (l’endroit où je fais mes photos et les vidéos pour mes visuels), c’était l’été et la lumière à travers la vieille lucarne était faible mais belle, je n’ai allumé aucun spots je me rappelle. Je me suis juste placée dans le raie de lumière, enclenché le flash, j’ai fait le point sur l’appareil bras tendu, sur mon épaule et je ne sais pas trop comment j’ai réussi à avoir ce flou sur ma bouche. Je suis descendue j’ai mis la  photo dans mon Photoshop, détouré, mis un fond bleu au lieu du noir originel et presque à cet instant j’avais ma nouvelle cover d’album (je  dis nouvelle car JC de Castelbajac m’en avait déjà fait une pour ce disque, mais c’est encore tout un récit !)

Cette armure, elle me plaisait tellement que je me suis dit que je la porterai sur scène en guise de protection anti-trac : amulette/armure (malgré l’inconfort qu’elle me procure avec la guitare), et puis j’ai eu envie de la mettre dans mes clips aussi, celui de « Flip the Switch » et plus récemment celui du morceau éponyme de l’album : « Victoire ». J’ai toujours fait mon graphisme toute seule, mais c’est la première fois que je suis fière de ma cover d’album, sur le double vinyle ça claque ! Le logo n’est pas de moi, je le précise, c’est Mathieu Hauquier (clavier et graphiste de Petit fantôme) qui me l’a fait, je suis une quiche en  typo…Mais ça viendra. »

Les yeux qui brillent

Autre originalité de cette Victoire que propose Le Prince Miiaou, le coffret collector sorti en marge de ce nouvel album, un coffret qui contient une boîte dans laquelle se trouve un petit circuit électronique qui permet, grâce à l’interrupteur posé sur l’armure d’Elisa, de lui allumer les yeux, procédé ludique et lumineux qui n’est pas sans rappeler cet album des Pink Floyd – Pulsequi disposait d’une petite ampoule de couleur rouge qui clignotait au rythme d’une pulsation toutes les deux ou trois secondes. Maud-Elisa Mandeau, de nouveau :

« J’ai toujours eu l’habitude de fabriquer des objets « originaux » pour présenter mes albums aux médias. Cette fois-ci je me suis dit que j’allais aussi en fabriquer pour le public ! L’avantage de l’auto-production c’est que je peux faire ce que je veux à partir du moment où je suis motivée. Il n’y a personne pour me dire « c’est trop cher », « c’est infaisable ».. 

Il m’a juste fallu un peu de patience pour trouver les gens qui pourraient fabriquer les boîtes sans que j’ai besoin de vendre un rein, un peu de patience pour trouver tous les composants électronique en quantité importante, un frère plus doué que moi en électronique pour me faire un prototype et BEAUCOUP de patience pour percer, souder et monter un à un les coffrets.

Chaque boîte est numérotée à la main et contient le digisleeve de l’album Victoire, un autocollant, ainsi qu’un accès à un code de téléchargement de l’album en digital. Je peux dédicacer la boîte, il suffit de demander ! (par mail). »

Le son

Véritable héroïne de la pop, qui mène le projet Le Prince Miiaou absolument seule depuis plus de dix ans, Maud-Elisa Mandeau laisse quelque peu de côté, sur ce cinquième album, le rock parfois dur, et parfois tendre, qu’on l’avait vu composer jusqu’alors, pour se plonger dans une électro-pop clair-obscur qui permet, une fois encore, à l’univers de cette artiste protéiforme de se réinventer. À mettre de côté, dans une playlist aux contours déjà bien barrés, le morceau éponyme du disque, « Victoire ».

Le Prince Miiaou, Victoire, 2018, autoproduction, artwork par Maud-Elisa Mandeau