La Jungle x Gideon Chase – II


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Avec son deuxième album II (ou peut-être doit-on parle d’EP, puisque l’on compte encore ici seulement 5 morceaux mais pour 40 minutes de temps d’écoute), les deux aventuriers de La Jungle passent des noix de coco qui illustraient leur disque éponyme, aux pastèques dont on constate les éclats ici. Changements de saveurs donc pour La Jungle, et étonnante « obsession bouffe » pour ces groupes de match-rock qui tapent fort et accumulent les boucles, lorsque l’on garde en mémoire les artworks sucrés-salés qui dominent l’iconographie de Battles, référence évidente en la manière. C’est vrai que ça en dépense de l’énergie, un groupe qui fait du math-rock. Bon.

Battles x La Di Da Di (2015)

Battles x La Di Da Di (2015)

Rouge pastêque

Des noix de coco, hier, tout juste tombées des arbres qui les ont vu naître et enfoncées dans un sol ensablé, et donc des pastèques, aujourd’hui, jonchées sur le sol encore, mais cette fois considérablement accidentées. C’est que celle-ci, un peu comme nos tympans à l’écoute de ce disque qui fait une nouvelle valoir la force d’un math-rock transcendant, ahuris et absolument féroce, ont été en contact avec la lame acérée d’une guillotine, pareille à celle qui dominait la place de la Révolution (actuelle place de la Concorde) durant la Convention révolutionnaire et qui faisait valser alors autant de têtes que d’opposants politiques que connaissait le régime en place.

La Jungle x Gideon Chase - La Jungle

La Jungle x Gideon Chase – La Jungle

Et elle est franchement drôle, cette mise en scène qui remplace le sang des Royalistes, des Girondins, des Montagnards, et de tous ceux qui ont eu pour dernière vision la foule déchaînée qui se languit devant l’instant à venir, par celui  du jus rouge-rosé des pastèques, cette oeuvre de l’artiste l’Américain Gideon Chase qui avait déjà signé l’artwork de La Jungle et qui n’en est pas à son coup d’essai en matière d’illustrations focalisées bouffe, second-degré et habile référence historique.

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Le groupe, lui, joue à fond le jeu du glauque devenu grotesque, comme sur ces photos de presse qui donneraient presque la sensation d’un épisode caché de Dexter, le côté guignolesque en plus. C’est un peu comme chez Los Hermanos, dont on avait vu le premier album éponyme sortir il y a trois ans chez Howlin Banana Records, et où l’image de la guillotine sanguinolente et les scènes d’exécution sommaires que l’imaginaire collectif lui associe sont là encore détournées, mais cette fois-ci, via son autre extrême, puisque sur cette illustration-là, signée Victor Marco, tous les personnages se retrouvaient alors avec un corps sans tête, Sleepy Hollow sans espoirs incertains de rédemption. La Révolution, en France, a toujours passionné. Qu’on s’en moque.

Los Dos Hermanos x Victor Marco - Los Dos Hermanos

Los Dos Hermanos x Victor Marco – Los Dos Hermanos

Le son

2 types (l’un à la guitare et l’autre à la batterie) et un boucan comme 20 : avec ce deuxième disque, La Jungle prouve, et comme on a pu le voir ces dernières années aussi chez d’autres (en tête : le très bel exemple Pneu) que le nombre n’importe pas. Et que ce math-rock électrique et obsetionnel, qui accumule les boucles et les défait aussitôt; est l’un des plus efficaces de l’hexagone.

La Jungle (Site officielFacebook / Youtube)

Gideon Chase (Site officiel)

La Jungle, IIBlack BassetRockerill, 39 min., pochette par Gideon Chase