Kristin Anna x Ari Magg – I Must Be The Devil


L’artiste islandaise Kristin Anna inaugure son premier album en solo avec une tonalité inquiétante et engagée tant par sa musique, son titre que par l’artwork qu’il l’expose, marquée par l’héritage de son premier groupe Mùm , dont la notoriété s’est fondée sur la musique expérimentale et une formation classique qui surgit encore ici, puisque l’artiste est vocaliste. Un son empreint de sa voix frêle et cristalline qui emporte dans un univers clairement onirique.

Une certaine expression de la nudité

Kristin Anna a travaillé un artwork en duo avec l’artiste Ari Magg, photographe, islandaise elle aussi, adepte des landscapes et des corps en mouvement. Une artiste à la vision plutôt graphique, comme en témoignent ses travaux avec le Times ou encore le magazine Wallpaper. Ari Magg n’en est pas à ses premiers corps nus. Ici, elle les met en mouvement, les incarne dans leur propre valeur, avec une certaine poésie, et un engouement pour le clair-obscur, une maîtrise de la lumière froide, qui transpire d’une peinture d’autrefois, une technique éprouvée et retrouvée dans les tableaux de Caravage, mais imaginée en version photographique et en total écho avec la signature classique de l’album.

Une forme d’engagement

L’éclectisme des corps, leur position, le simple fait qu’il n’y est que des hommes nus entourant l’artiste en écho au joli titre du disque – I Must Be The Devil – dévoile une forme d’ironie et un humour caustique qui positionne la femme en toute-puissance. Il y a quelque chose de presque christique ici, une Ève entouré d’Adam(s), arborant fièrement le péché éternel. Seule habillée, Kristin Anna lancerait presque un message féministe, en renversant les codes habituels – et ceux de la pochette culte de The Jimi Hendrix Experience, Electric Ladyland – et en clamant ce nouvel album qu’elle inaugure seule.

Electric Ladyland, The Jimi Hendrix Experience, Track Record, 1968. Photographie de David Montgomery
Electric Ladyland, The Jimi Hendrix Experience, Track Record, 1968. Photographie de David Montgomery

Le son

Avec une signature musicale particulièrement marquée, l’écoute de « Forever Love », titre phare de l’album, résonne comme un véritable de cri. « In a frenzy, saying what the fuck, the forest shields, that what others think ». Tout semble écrit et composé comme une poème, toujours avec une grâce indissociable de l’histoire qui est raconté dans ce premier album.

Kristin Anna (Site officiel / Facebook / Instagram)

Ari Magg (Site officiel / Instagram)

Kristin Anna, I Must Be The Devil, 2019, Bel-Air Glamour Records, 44 min., artwork par Ari Magg