Hippie Hourrah x Jacques Hurtubise – Exposition individuelle


Un album-concept composé autour, à partir et depuis l’œuvre du peintre québécois Jacques Hurtubise (1939-2014) ? C’est l’idée du trio Hippie Hourrah (Miles Dupire-Gagnon, Gabriel Lambert et Cédric Marinelli) qui articule son rock psychédélique plein de réverbérations, de riffs étirés, de grammaire seventies, autour des mots et des images d’un peintre lié à l’expressionnisme abstrait (mouvement d’avant-garde développé après la Seconde Guerre mondiale en Amérique du Nord, et auxquels Jackson Pollock, Mark Rothko, Lee Krastner ou encore Willem de Kooning sont souvent rattachés).

Après un premier album, Hippie Hourrah!, déjà sorti sur Simone Records (le même label qu’Ariane Moffatt ou Hubert Lenoir), Exposition individuelle est l’histoire de rockeurs à la culture picturale solide, d’une peinture de 1972 remise au goût du jour en 2023, d’un écrivain parfait dans le rôle du narrateur tisseur de logiques (Ralph Elawani, qu’on entend sur le disque), d’une autre manière d’envisager l’inspiration musicale. C’est une histoire de famille, aussi.

Hippie Hourrah © Marc-Etienne Mongrain

Je lis que l’album a été composé autourà partir et depuis l’œuvre du peintre québécois Jacques Hurtubise. D’où cette idée est-elle partie et quel est exactement le sens de cet hommage ?

D’abord, l’album n’est pas un hommage à Jacques Hurtubise. Alix Lepage, le percussionniste du groupe, a grandi près du peintre : sa famille en était proche, et depuis le décès d’Hurtubise en 2014, elle est impliquée dans la fondation qui gère son œuvre. Cédric Marinelli, ami de longue date d’Alix et chanteur du groupe, avait donc été en contact avec l’œuvre de Jacques, mais le déclic créatif s’est véritablement fait pendant la composition d’Exposition individuelle. Démarrant d’abord d’une inspiration esthétique, les multiples associations – réelles ou imaginées – à l’œuvre de Jacques ont déterminé un point de départ pour le contenu lyrique et thématique de l’album.

Y a-t-il un attrait particulier, chez Hippie Hourrah, pour l’expressionnisme abstrait ?

À travers notre esthétique de band et nos goûts personnels, il y a définitivement un intérêt pour l’expressionnisme abstrait. C’est cette inspiration plastique qui s’est en quelque sorte présentée comme un pont multidisciplinaire entre visuel et musical, surtout à travers une esthétique psychédélique.

L’expressionnisme, est-ce aussi quelque chose que vous tentez d’exprimer dans votre musique ?

Sans créer un parallèle direct avec une musique expressionniste, puisque nous sommes un groupe de rock et non Arnold Schoenberg, certains liens existent dans notre approche de l’improvisation spontanée. Une bonne référence est les premiers albums de Pink Floyd, où l’exploration musicale devient même complètement atonale, quoique Hippie Hourrah ne va pas si loin…

Dans votre cas à vous et de manière générale, comment créer de la musique depuis le travail d’un peintre ?

Sur Exposition individuelle, le lien est surtout présent dans l’écriture des paroles. Ayant eu accès à l’œuvre de Jacques, mais aussi des interviews qu’il a données, Cédric et Ralph Elawani se sont laissé écrire librement par associations indirectes, en connectant l’œuvre et des titres d’œuvres à d’autres sujets dissociés. Bâtis un peu comme une mosaïque, les textes font des sauts, sans se soucier de respecter une linéarité ou une raison d’être. Le “pacing” de l’album, lui, avec les interventions parlées d’Elawani, offre un clin d’œil ludique au peintre.

Quelle est l’histoire de cette pochette de disque, dont je suppose donc qu’elle reprend l’œuvre de Jacques Hurtubise ?

La pochette est une reproduction de Onibaba (1972). La famille d’Hurtubise nous a donné l’autorisation de l’utiliser pour l’album et nous en sommes très reconnaissants.

Exposition individuelle. Pourquoi avoir nommé le disque de cette manière ?

Exposition individuelle fait référence une exposition par un artiste visuel, et cet album est en quelque sorte une exposition de notre “œuvre”, Hippie Hourrah étant “l’artiste”.

Hippie Hourrah (Site officiel / Facebook /Instagram / YouTube / Bandcamp)

Hippie Hourrah, Exposition individuelle, 2023, Simone Records, pochette d’après l’œuvre Onibaba de Jacques Hurtubise (1972).

En concert en France le 25 mai à Tours (Le Foudre), le 26 mai à Angers (Jokers’s Pub, off Lévitation), les 27 & 28 Mai à Belfort (FIMU).