Fyfe x Simon Bray – The Space Between


L’année qui vient de s’écouler fut particulièrement complexe pour Paul Dixon. Le jeune anglais, qui avait sorti, via son projet Fyfe, le superbe Control il y a trois ans (alors illustré par Sophie Derrick) a en effet dû affronter la plus terrible des choses ordinaires, celle, à laquelle il est décidément impossible de s’accommoder malgré son évidente fatalité, qui consiste à voir disparaître des êtres que l’on aime, soudainement dégagés du souffle vital qui les faisait jusqu’alors se tenir debout. Le drame de la vie.

Fané

Et ces décès, car il y en eut malheureusement plusieurs dans son entourage cette année, ils ont été vecteurs, chez Fyfe, d’une volonté, exacerbée, de créativité, exercice thérapeutique qui aura abouti, rapidement, à The Space Between, un second album nommé ainsi afin de signaler la césure, manifeste, qu’il convient de constater entre l’avant et l’après de cette période immensément noire. Créer pour panser les plaies : voilà une méthode qui s’avère bien souvent salvatrice.

Alors, au moment d’illustrer cet album à la tonalité forcément particulière, Paul, pas dans l’humeur la plus réjouissante de son existence, songea à cette exposition à laquelle il s’était rendue quelques mois plus tôt, là où il put découvrir l’oeuvre photographique de Simon Bray, et cette série présentant « des boutonnières de fleurs portées lors de mariages, fanées et flétries, photographiées sur des fonds pastel éclatants ».

La beauté quand même

Obsédé par ces fleurs pendant la composition de son album, Fyfe concède : « ces fleurs illustrent parfaitement l’album : l’idée qu’il y ait autant de beauté dans la maladie, la décrépitude et la mort, que dans la vie. Ces fleurs sont mortes, mais avec le bon angle de vue elles sont assez élégantes pour être accrochées dans une galerie d’art. » De la beauté de ce qui, d’une manière ou d’une autre, perdure toujours.

Le son

La lumière malgré le désastre ordinaire de l’existence : Fyfe livre un second album qui confirme les excellentes sensations véhiculées par le premier (l’idée de soul sensuelle, de grâce légère, de belle authenticité), et invite même, c’est une nouveauté, quelques figures extérieures à participer à ce The Space Between, comme Kimbra sur « Belong », premier extrait de l’album, elle que l’on avait découvert via une autre catastrophe ordinaire, celle de la rupture amoureuse virant au vinaigre, sur le tube très très addictif de l’Australien Gotye, sur « Somebody That I Use To Know ».


Fyfe (Site Officiel / Facebook / Twitter / SoundCloud)

Simon Bray (Site officiel / Facebook / Twitter)

Fyfe, The Space Between, 2017, Believe Recordings, photos par Simon Bray