Awir Leon x Joke x Flavien Prioreau – Giants


awir-leon-x-joke-x-flavien-prioreau-giants

Une sorte de Double-Face (ou de Danny Brown, version Atrocity Exhibition), mais qui n’aurait pas comme préoccupation première de mettre en pièces le visage carré de Batman et de régner sur la cité sombre de Gotham, puisqu’il se trouverait, plutôt, préoccupé de rêveries intenses et vagabondes : sur la pochette de Giants, son premier album sorti chez Nowadays Records, le visage d’Awir Leon apparaît scindé en deux parties distinctes, l’une ordinaire, et l’autre pénétrée de textures évocatrices d’éléments étoilés.

La place du hasard

Alors bien sûr, à la base, il n’y a pas ici la prétention de se prendre pour le versant rêveur du méchant de Batman. Ce serait une idée relativement curieuse. Il y a là plutôt un hasard, occasionné par l’appareil photographique de Flavien Prioreau :

« Au milieu d’un shooting où j’essayais d’être beau-gosse, Flavien a attrapé ce moment où je me trouvais dans mes pensées. Et je pense qu’on pourrait presque décrire Giants comme un de ces moments où je ne suis pas connecté à l’extérieur, mais où tout se passe dedans. J’ai ensuite joué avec cette photo, en lui superposant d’autres photos, principalement des textures, et après beaucoup de tests j’ai trouvé ce résultat, que j’aimais bien pour son aspect cinématographique. On s’imagine une histoire un peu fantastique, ou rêvée, et en même temps grâce à la photo originale, ça reste très intime et proche. Le fait que ce soit sombre, par contre, n’était pas volontaire, ça allait même un peu contre ma volonté, j’aurais préféré quelque chose de lumineux, mais avec le temps cette pochette s’est imposée d’elle-même ! »

Le vert, couleur de l’espoir

Un visuel bien sombre, c’est vrai, mais dont la noirceur se trouve nuancée par cette luminosité palpable naviguant entre le vert et le bleu (paraît-il, on ne voit pas tous ces couleurs-là de la même manière), jeu de couleurs rappelant les travaux photographiques précédemment liés à la carrière discographique de François « Awir » Leon, de celle de MMFT (Metal Monkey Fire Tiger), son EP datant de 2014, à celle d’As We Land, aventure menée à trois et sous le nom d’UNNO.

« Le vert, nous dit François, est une couleur froide qui symbolise l’espoir. Dans certaines cultures, elle représente l’essence universelle, la naissance. Pour la pochette d’As We Land, on a utilisé cette photo (prise par Julie Vendé) dans l’idée que cet enfant représente notre musique, ou du moins la façon dont on essaye de la faire. Sans prétention, sans calcul, où les idées sont encore libres comme dans l’esprit d’un enfant. Le fait qu’on ne voit pas le visage de l’enfant nous a également plu car nous ne cherchons pas à nous définir, ni à définir notre musique. Ni à avoir des problèmes avec les parents de cet enfant. »

Le son

En marge de l’aventure UNNO, menée à trois (à ses côtés : Joachim « J.Kid » Souhab et Abraham « Timsé » Diallo) et après une carrière de danseur qui l’a mené sur les pistes durant une décennie entière, François « Awir » Leon franchit le cap du premier album chez Nowadays et avec ce projet solo qui laisse pour la première fois une place importante à cette voix torturée, vocodée et spectrale, laissant planer dans l’air l’héritage stylistique de ses plus tendres contemporains, de James Blake à Chet Faker, de William Arcane à Deptford Goth, de Daniel Alexander à How To Dress Well. L’album d’un géant, sans aucun doute. Mais qui serait pourvu d’un coeur tout tendre, et plein de grâce.

Awir Leon (Site officielFacebook / Twitter / Instagram)

Flavien Prioreau (Site officiel / Facebook / Vimeo)

Les artworks d’Awir Leon et d’Unno seront exposés du 12 au 14 janvier 2017 galerie Arts Factory à l’occasion de la 4e Nuit Néoprisme. Plus d’infos ici.

Awir Leon, Giants, Nowadays Records, 2016, 42 min., artwork par Joke, photo par Flavien Prioreau