À travers le prisme de : Perez


Perez -- Saltos

L’ex-leader du groupe Adam Kesher, Perez, dévoile chez Barclay un premier album déroutant, qui oscille entre la new wave débraillée de Taxi Girl, le lyrisme susurrant d’Etienne Daho et la rétro nostalgie d’une chanson française oubliée. Tout comme l’artwork de son premier EP et de cet opus réalisés par Thomas Lévy-Lasne, Julien Perez se balade entre rêve et réalité, offrant un monde de possible dans les interprétations, sur des claviers hypnotiques bien barrés. C’est à travers son prisme et son regard acéré sur le monde de l’art et de la musique, que nous scrutons les pochettes d’album.

D’abord, qui es-tu ?

Je m’appelle Julien Perez, j’ai un projet solo sous le nom de PEREZ, de la pop électronique chantée en français.

LA pochette d’album mythique, pour toi, c’est laquelle ?

Il y a une série de pochettes qui m’a beaucoup marqué, il s’agit des disques sortis sur le label Obscure Records fondé par Brian Eno dans les années 70. Toutes les pochettes reprennent la même image, pratiquement imperceptible car obscurcie dans sa quasi-totalité. Chaque pochette se distingue des autres en révélant un fragment de l’image, sous la forme d’un carré. Je trouve que c’est l’un des plus beaux exemples d’art conceptuel graphique décliné en pochettes et les disques de cette série sont tous géniaux.

La pochette d’album que tu trouves la plus belle ?

Je trouve que la pochette de l’album « Bryter Layter » de Nick Drake est particulièrement réussie. La manière dont la composition graphique encadre la photographie, met en scène la figure du musicien, ainsi que l’utilisation des couleurs me rappelle la célèbre Madone del Parto de Piero della Francesca. Une belle synthèse de classicisme et de modernité qui n’a pas pris une ride.

Et la plus laide ?

N’importe quelle pochette de Muse fera l’affaire.

Récemment, y en a t-il une qui t’a marqué ?

J’aime bien la pochette de la mixtape de Travis Scott « Days Before Rodeo », y’a un côté collage assez brut qui me rappelle presque l’esthétique des fanzines hardcore des années 90, et puis ce corps de dos qui barre l’image, je trouve ça plutôt bizarre et audacieux.

Travis Scott - « Days Before Rodeo »

L’artiste / le groupe le plus cohérent d’un point de vue visuel ?

L’un des groupes que je trouve le plus fort dans ce domaine actuellement est Sunn O))) et puis c’est compliqué de parler de pochettes sans faire allusion à la scène Metal.

Le dernier concert qui t’a marqué ?

Planning to Rock

La dernière expo qui t’a marqué ?

Mark Leckey à Bruxelles l’année dernière, rien vu d’aussi bien depuis.

Si tu devais associer un créateur de sons et un créateur d’images au service d’une pochette d’album, sur quelle association fantasmerais-tu ?

ILoveMakonnen ! et Cory Arcangel, ça pourrait être fun.

La pochette d’un disque peut-elle influencer ta manière de l’écouter ?

Oui, je pense qu’elle influence forcément la perception globale que l’on a d’un projet musical, elle le situe dans une esthétique, un faisceau de références culturelles, qui oriente notre appréciation. D’ailleurs ça m’est déjà arrivé d’acheter des vinyles d’occasion pour leurs pochettes et d’être tout à fait surpris par la musique qui leur était associée, pour le meilleur et pour le pire.

Pourquoi va-t-on entendre parler de toi très prochainement ?

J’ai sorti mon album SALTOS le 2 octobre chez Barclay/Absolute Management.

La release se fera le 2 novembre à Paris à la Maroquinerie, et je devrais enchaîner pas mal de concerts en France par la suite.

Perez (Site Officiel / Facebook / Twitter)

Thomas Lévy-Lasne (Site Officiel / Facebook / Twitter)

Perez, Saltos, 2015, Barclay, pochette par Thomas Lévy-Lasne, 48 min.