Perez x Thomas Lévy-Lasne – Perez


Perez x Thomas Lévy-Lasne - Perez

Perez en lettres noires, sobres, droites, comme un clin d’œil au « Prince Noir », titre extrait de son précédant EP Cramer. L’ex-leader d’Adam Kesher expose ses noirceurs urbaines sur cette nouvelle galette qui se teinte de couleurs vives et pastel marquant un tournant acidulé certain. Sous le trait réaliste de Thomas Lévy-Lasne, on retrouve Julien Perez, le regard mystérieux et les lèvres humectées de rose poupon, comme pour suggérer ce mélange de pop sombre et de variété sucrée qui transpire de cet EP éponyme.

Du réalisme pour de la pop urbaine surréaliste

L’effet du réalisme de la peinture de Thomas Lévy-Lasne amène un aspect granuleux à la peau juvénile de Perez et apporte des touches de moiteur sensuelle, représentatives de l’artiste, à l’instar du titre « Gamine ». Une texture dense, contrastée comme la musique de celui que l’on compare régulièrement à Étienne Daho. Au-delà de cet aspect réaliste qui rappelle des artistes comme Hopper, Ron Mueck ou David Jon Kassan, on retrouve une touche de second degré et de folie dans cette pochette flashy. Un esthétisme qui fait écho aux délires métaphoriques du morceau « Une Autre Fois » durant lequel le chanteur se transforme en chaise, piétinée d’amour. Métamorphose qui s’opère comme la mise en abîme de la chanson française recherchée par Perez qui affirme vouloir « utiliser des blocs de référence pour les détourner et parler au plus grand nombre, à travers un langage musical qui peut générer deux niveaux de lecture ».

Une errance urbaine sauvage, organique, qui emprunte à la variété française des accents lumineux et percutants à travers un romantisme moderne non dissimulé. « Le Rôdeur » incarne véritablement cette notion électronique et lyrique qui se traduit sur la pochette par des fréquences de couleurs aussi obsédantes et efficaces que des néons violacés dans une boîte de nuit lugubre. Si sur son précédent EP, Perez surgissait de la nuit, dans un blouson de cuir noir, ici, Thomas Lévy-Lasne utilise l’obscur pour le faire jaillir sur la pochette, claire et tape à l’œil.

Un flou artistique 2.0

Ces deux niveaux de lecture se lisent dans les différents supports de la pochette. « Selon le format CD ou vinyle, le résultat ne sera pas le même. Plus l’agrandissement est important, plus on perçoit le grain, la texture de la peinture » explique Perez. En CD, la pochette se rapproche d’un aspect photo, proche d’un réalisme du quotidien ; une diversité de l’imaginaire à travers les supports voulus par les deux artistes.

Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2004, Thomas Lévy-Lasne, habitué des dessins et des peintures hyperréalistes, dévoile les courbes onctueuses et moelleuses du visage du chanteur, laissant échapper des lettres capitales tranchantes : une ambivalence de ton en accord avec la pop hybride de Perez.

Le son

Créant l’événement en 2013 avec son EP Cramer qui revendiquait des titres forts comme « Le Prince Noir », l’ex-leader d’Adam Kesher s’illustrait à travers une pop électro sombre reposant sur des gimmicks entêtants. Avec sa nouvelle œuvre éponyme, il confirme sa position de prince noir de la poésie urbaine, ajoutant une dimension variété française en contant des balades introspectives faites d’errances lancinantes.

Perez (Site Officiel / Facebook / Twitter)

Thomas Lévy-Lasne (Site Officiel / Facebook / Twitter)

Perez, Perez, 2014, Barclay, 13 min., pochette par Thomas Lévy-Lasne.