Usé x Leï – Chien D’La Casse


Usé x Leï - Chien D'La Casse

Sur « Nuke moi encore », le titre qui ouvre le premier album d’Usé, on entend un chien grogner, puis aboyer, de manière agressive contre un interlocuteur que l’on devine relativement proche, sa manière à lui de dire, sans doute, que ce n’est pas forcément le moment de venir l’emmerder. Ou y aura du grabuge.

Crasse & clébards

Et a priori, vu l’attitude de ce clébard-là, celui-ci ne fait pas partie de la meute de toutous qui, eux, ont l’air plutôt sympas, et que l’on peut voir, attentifs et peinards, sur la pochette du premier LP d’Usé qui, parce qu’il a décidément décidé de faire de nos amis aux quatre pattes et aux haleines désagréables les emblèmes de ce disque paru chez Born Bard Records, se nomme justement Chien d’la casse. Obsession canine.

La meute de chiens cools au premier plan, une batterie au second (qui a une place fondamentale dans l’album), et Nicolas Belvalette, l’humain à la tête d’Usé (et aussi membre de Sultan Solitude, Les Morts Vont Bien, Robert Succo…), perché et allongé sur un van Volswagen (ou une autre marque d’ailleurs peut-être), véhicule de locomotion sur lequel celui-ci n’a pas l’air de se sentir trop mal à l’aise. En arrière-plan, un garage. Ou peut-être est-ce une manufacture désaffectée, un entrepôt, un squat abandonné et occupé désormais par d’autres. Dans tous les cas, le tableau dans lequel l’on imagine parfaitement voir se dérouler ces histoires lugubres et hypers réalistes qui parcourent ce disque court dans les faits (7 titres, 30 minutes) mais long, finalement, compte tenu du fait qu’il reste toujours un moment dans les oreilles après se l’être enfilé. Et ce n’est pas seulement une question d’acouphène.

Shooting à plusieurs

À Noisey, forcément passionné par l’esthétique viscéralement punks de ce garçon qui a aussi candidaté aux dernières élections municipales d’Amiens (candidat sans étiquette et sans trop d’espoir de décrocher le Graal empoisonné), il racontait :

« La pochette on l’a fait exprès pour l’album. On s’est pointés un lendemain de teuf punk à 10h du matin, on y est allés avec tout le matos, l’éclairage et tout. On voulait profiter de tous les chiens réunis là. Les mecs les ont tous rassemblés devant le van et ils étaient tous hors champ, à leur gueuler : « Pas bouger ! Pas bouger !«  C’était assez cool comme séance. »

Le cliché en question, lui, est signé Leï. C’est en tout cas le nom qui apparaît dans les crédits de l’album devant la mention « Pochette ». Mais aucune idée de qui est le type en question. Ou peut-être est-ce une nana d’ailleurs, le nom n’est ni commun, ni genré. Si ça se trouve même, c’est le nom de l’un des toutous tout doux qui était là au moment du shooting. Sait-on jamais.

Le son

Entre la prose de Noir Boy George et les boucles rythmiques de Jessica93, Usé trouve l’impact d’une noise indus, métallique et désenchantée, qui, par sa violence rythmique et la brutalité de ses répliques, rares mais toujours précieuses (« tu respires à contretemps »), impose le paradoxe le plus fascinant de cette année, dès lors que l’on regarde celle-ci à travers le prisme du punk confectionné dans les coins les moins exposés de l’hexagone : celui qui consiste à trouver un bol d’air frais enfermé dans cette « piaule, à boire toute cette gnole ». Et malgré une camisole qui compacte les os.

Usé (Facebook / Youtube)

Usé, Chien D’La Casse, 2016, Born Bad Records, 30 min., pochette par Leï