Tycho x Dmitry Sovyak — Simulcast


D’un côté la mer, son immensité dont on ne devine pas le terme, une tranquillité toute relative, et ce sentiment immuable qui lie son image à celui de la liberté la plus profonde. De l’autre l’ombre, celle de ces parois rocheuses qui semblent grimper bien en haut — c’est une question de perspective — et qui, parce que le cadrage de la photo les taillent ainsi, prennent la forme d’une menace hostile.

L’homme et la mer

Entre les deux, un jeune garçon, tourné vers la roche plutôt que vers les eaux (vers l’habitat actuel des humains, plutôt que vers leurs espaces originels ?), à genoux devant elle comme s’il était en train d’en invoquer, par le biais d’une prière discrète, le pardon. Ses yeux semblent clos et sa mine concentrée, et son corps courbé repose sur le sable. Il se tourne vers la terre qui pourtant, n’est guère attrayante plutôt que vers cette mer dans laquelle baigne le soleil : réflexe propre à celui de son espèce, elle qui choisit le plus souvent, à la perspective de la liberté totale, celle de l’ombre dans laquelle les coups de soleils frappent moins violemment dans la nuque.

Si cette photo, que les crédits du disque accordent à Dmitry Sovyak, juxtapose l’enfant entre le clair et l’obscur, c’est afin de faire écho à la musique ambiant, electronica, chillwave, solaire, de Tycho (le projet mené depuis plus de quinze ans par le Californien Scott Hansen) qui gravite, elle aussi, entre la lumière et le moins clair. Habitué à illustrer ses disques sous son entité ISO50, Scott Hansen en avait déjà fait l’usage souvent, de cet écart entre ces deux extrémités, comme en témoigne un catalogue visuel qui évoque également cette Californie, d’où il est originaire, à laquelle on peut associer les images du solaire, de l’aqueux, du rocheux.

La terre, ombreuse et imposante, est-elle ainsi une menace ? Il suffira à ce jeune garçon de se relever et de déplier les genoux pour pouvoir lui faire face et tenter d’arriver, cela prendra du temps et n’arrivera peut-être jamais, à sa hauteur.

Le son

Depuis le début des années 2000, Scott Hansen propose, via son projet Tycho, une musique ambiant qui prend parfois des accents post-rock, IDM ou chillwave, une musique à laquelle s’associent parfois des voix plus pop, comme celle de Saint Sinner qui parcourait les plages de Weather, album sorti l’an passé déjà chez Mom + Pop / Ninja Tune. Plus de voix ici mais uniquement des longues plages, qui s’écrasent, qui volent et qui cumulent parfois vers des horizons dont on ne distingue pas toujours le bout, relectures, sans cordes vocales, de morceaux déjà interprétés hier (« Weather », « Into The Woods » et « Easy »). Derrière les rochers, c’est la plage ?

Tycho (Site officiel / Facebook / Instagram / Twitter / YouTube / Bandcamp)

Tycho, Simulcat, 2020, Mom+Pop / Ninja Tune, photo de Dmitry Sovyak