The Pirouettes x Vickie Chérie – Monopolis


Plus les disques s’accumulent, plus leurs visages, juvéniles et amoureux (ils sont en couple sur scène comme dans la « vraie » vie) apparaissent sur leurs pochettes, comme s’il était question, pour The Pirouettes, de s’assumer toujours davantage. Semblables à des géants au sein d’une ville qui en est déjà remplie (les gratte-ciels, autour d’eux, sont des très grandes métropoles mondiales), Vickie Chérie et Leo Bear Creek surplombent, sur la pochette de leur second album Monopolis, la cité dans laquelle se déroule l’histoire racontée sur un album, qui sort en version deluxe et dont la pochette nous est présentée, puisque c’est elle qui en est l’auteure, par Vickie.

D’où vient l’idée de cette pochette ?

Vickie Chérie : L’idée de cette pochette est venue avec le titre de l’album, Monopolis. On voulait nous mettre en scène dans ce qu’on imaginait comme l’environnement des chansons, soit une très grande ville « unique » si on traduit Monopolis. C’est moi qui l’ai faite et c’est drôle parce que je relisais l’article sur la pochette de Carrément carrément où je disais que jamais on n’apparaîtrait en photo, alors que j’aurais pas pu faire plus frontal pour Monopolis : photo + nu. Quelle cohérence dans mes propos !

The Pirouettes x Vickie Chérie – Carrément carrément (2016)

De quelle ville sont issus ces buildings ?

Vickie Chérie : Les photos de ville ont été prises à New York en 2013, la première fois qu’on est allé aux États-Unis ensemble.

On a fait la pochette en rentrant de concerts à New York et Montréal. C’est un voyage qui a beaucoup joué dans Monopolis. C’est aussi à la suite de ça qu’on a trouvé le titre de l’album. À Montréal j’ai aussi trouvé un vinyle de Chemical World de Blur avec une cover incroyable en aérographe qui m’a donné plein d’idées.

Blur x Bernard Hugill – Chemical World (1993)

Au début, on avait juste la photo de nous deux et je cherchais à recréer une ville autour. J’ai fait plein d’essais ratés et un jour, je ne sais plus comment, je suis tombée sur une photo de Grenoble, qui est la ville de mon enfance, et pour la première fois je me suis dit « Wah c’est super beau en fait, les montages enneigées qui encerclent la ville comme ça ! » ce que j’avais jamais remarqué quand j’y vivais, évidemment. Et c’est ça qui a débloqué la suite, l’ajout des montagnes etc.

Ville de Grenoble (c) Grenoble.fr

Monopolis est le décor dans lequel vivent les personnages des chansons.

Vickie Chérie

Pourquoi cette mise en scène, qui vous fait figurer en géants au milieu d’un tissu urbain déjà impressionnant ?

Vickie Chérie : Parce qu’on est mega mégalos déjà !!! En vrai, ça nous a toujours fait rire de nous mettre en scène de façon exagérée, de nous starifier. De faire de l’egotrip en images, en gros. C’est aussi dans la continuité du disque, qui se veut plus narratif que le premier. Monopolis est le décor dans lequel vivent les personnages des chansons.

Monopolis. Je suppose que le titre réfère à Métropolis. S’agissait-il aussi, de votre côté, de proposer une vision d’une cité faussement idéale ?

Vickie Chérie : Je pense qu’au fond l’idée était de proposer une sorte de vision de la ville avec toutes ses tares et qualités, dans laquelle on puisse vivre mais aussi s’extraire quand elle devient trop pesante. En faisant de la musique, en en écoutant, en rêvant, en étant amoureux…

On sort une version deluxe bientôt avec une variation, la ville est enflammée, l’hélicoptère explose.

The Pirouettes x Vickie Chérie – Monopolis (version Deluxe, 2019)

Visuellement parlant, quelles ont été vos inspirations ?

Vickie Chérie : La pochette est un grand collage d’inspirations diverses. J’avais plein d’images que je regardais non-stop en essayant de trouver un moyen de les concilier. L’idée de la pose est partie d’une affiche de A Star Is Born avec Barbra Streisand, mais au final on a reproduit une position d’un animé qui s’appelle Parasyte, qu’un fan nous avait envoyé en nous disant que les personnages nous ressemblaient. Sinon je me rappelle que j’ai beaucoup regardé une certaine photo de Philip Lorca DiCorcia, où une femme est debout devant une baie vitrée et regarde New York par la fenêtre, l’affiche de Kong Skull Island, le film d’animation Your Name, la pochette d’El Gato de Gucci Mane…

« Your Name » de Makoto Shinkai
Philip Lorca DiCorcia

Le son

« Rejoins-moi au bord des falaises / Allonge-toi à côté des braises / Et déjà, on se sent à l’aise / Avec moi sans qu’on le voit le jour est là ». Avec Monopolis, leur second album, Vickie Chérie et Leo Bear Creek dirigent l’aventure The Pirouettes au sein d’une cité fantasmagorique et grandiose, semblable à celle de Fritz Lang, la révolution prolétaire en moins et les montagnes grenobloises en plus. Dans cette cité, la pop récitée en Français enfile toujours ses habits de lumière, laisse le sombre de côté et préfère, comme l’indique l’un des plus jolis moments de l’album, demeurer « léger ».

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The Pirouettes, Monopolis, 2018 (version deluxe en 2019), Kidderminster Records, artwork de Vickie Chérie