The Last Shadow Puppets x Matthew Cooper – Everything You’ve Come To Expect


The Last Shadow Puppets x Matthew Cooper - Everything You've Come To Expect

Non, la pochette du second album des Last Shadow Puppets (Alex Turner d’Arctic Monkeys et Miles Kane de The Rascals) ne fait pas figurer sur son front un personnage issu d’une pièce de Pina Bausch qui aurait rabattu sur son visage son épaisse chevelure après avoir effectué un mouvement du corps un peu trop accentué. Il n’est pas non plus issu, et malgré sa gestuel particulière, d’une performance donnée au Quai Branly dans le cadre d’une quelconque expo sur les divinités et les croyances primitives d’Afrique Subsaharienne ou d’Asie du sud-est (extrapolation qui nous permet de noter au passage, comme quoi toute déviance n’est pas inutile, que le terme « Last Shadow Puppets », en Français, renvoie au théâtre des ombres chinoises).

Alex & Tina

Cette silhouette, que l’on n’aurait honnêtement pas reconnue sans poser directement la question au label, c’est en réalité celle de Tina Turner. Parce que les sonorités de cet Everything You’ve Come To Expect s’inspirent de celles véhiculées par l’icône 70’s ? Parce qu’Alex Turner partage le même nom de famille que Tina ? Parce que l’Américaine, invitée surprise, apparaîtrait d’une quelconque manière sur ce disque-là (ce qui n’est pas du tout le cas) ? Rien de tout ça.

Tina Turner, c’est en fait l’une des figures d’enfance d’Alex Turner. Et avant de devenir l’une des indéniables icônes rock du siècle présent, le chanteur d’Arctic Monkeys avait, dans une chambre d’ado que l’on devine bordélique et pseudo séditieuse, ce poster-là, avec Tina les bras écartés et la chevelure recouvrant le visage, punaisé sur un mur. Le visuel d’origine, qui date de 1969 (année érotique), est issu du catalogue de l’Américain Jack Robinson, collaborateur de Vogue et du New York Times dans les années 60-70, proche de la Warhol’s Factory et qui possède aussi notamment à son tableau de chasse The Who, Elton John, Joni Mitchell et autres Cher.

Jack Robinson - Tina Turner (1969)

Jack Robinson – Tina Turner (1969)

Laid back et soleil californien

Noir et blanc dans son format d’origine, le visuel en question a été, pour les besoins de la pochette, mis en couleurs par Matthew Cooper, graphiste et designer fréquemment associé aux travaux visuels de Domino Records (sur le dernier Hot Chip, par exemple). Pour capter plus facilement l’œil dans une timeline Facebook ou dans un rayon Fnac ?

« Le choix de la couleur n’a rien d’anodin », nous dit Matthieu Bourrit, directeur marketing chez Domino France. « Ça rend le truc plus chaud, ça évoque le soleil, la Californie  (ndlr : où le groupe vit et a enregistré l’album, alors que le premier l’avait été en France, à Angers) et ça souligne le coté ‘laid back’ des conditions d’enregistrement ». Convaincu de la pertinence de ce visuel (conviction loin d’être unanime, précisons-le quand même), il souligne aussi : « et à mon avis ce n’est pas pour rien que le groupe est allé chercher une photo des 70’s alors que l’album précédent était illustré par une photo des 60’s…». De là à s’attendre à voir Michael Jackson, icône 80’s orner la pochette du 3ème album ?

The Last Shadow Puppets - The Age of the Understatement (2008)

The Last Shadow Puppets – The Age of the Understatement (2008)

Le son

Pépouze, le second album des Last Shadow Puppets. Enregistré sans pression et sous le soleil californien (le premier album ayant été enregistré à Angers, il y a là un changement d’atmosphère notable), cette sérénité certaine se ressent sur les quelques ballades pop (de « Miracle Aligner » à « Used To Be My Girl ») distillées avec un savoir-faire mélodique qui n’est plus à prouver ni pour l’un (Miles Kanes) ni pour l’autre (Alex Turner), et ce malgré la présence de deux instants (« Aviation » et « Bad Habits ») un tantinet plus nerveux, ou du moins plus rock, qui rappellent tout de même qu’avant de s’assagir sous le poids de la chaleur de la côte ouest des États-Unis, les deux garçons avaient monté chacun dans leur coin deux des projets les plus virevoltants de la scène indé britannique du début du siècle (The Rascals pour l’un, Arctic Monkeys pour l’autre). Bronzage sans UV.

The Last Shadow Puppets (Site officiel / Facebook / Instagram / Twitter / Youtube)

Matthew Cooper (Blogspot / Twitter)

The Last Shadow Puppets, Everything You’ve Come to Expect, 2016, Domino Records, 40 min., design par Matthew Cooper, photo originale par Jack Robinson