The Kills x Brian Roettinger – Ash and Ice


The Kills - Ash & Ice

Ash and Ice. La cendre et la glace. Alison et Jamie. VV et Hotel. L’Américaine volcanique et l’Anglais plus clinique (surtout depuis cette blessure à la main qui a occasionné quelques opérations chirurgicales et l’a obligé à modifier sa manière d’animer sa guitare). Un titre d’album comme l’expression d’une dualité complémentaire et évidente, que Jamie aurait trouvé, tout simplement, en écrasant un mégot de cigarettes dans un verre encore plein de quelques glaçons pas encore fondus. Image jolie, et reflet idéal d’un album (le 5e, cinq ans après Blood Pressures) qui contient souvent cette fougue que l’on sait viscérale au sein de balades plus introspectives et plus fragilisée que par le passé. Du volcan en éruption au cocktail menthe-Bourbon.

Ash, Ice & Brian

La cendre et la glace, leitmotivs thématiques, on les convoque donc logiquement aussi sur la pochette de ce disque, signée par la patte de l’artiste californien Brian Roettinger, référence absolue dans le genre puisqu’il est notamment l’auteur, en plus de travaux remarquablement soignés et audacieux autour des visuels de Liars, de The Notwist, de St-Vincent, de Childish Gambino ou de Beach House, de la fabuleuse cover du Magna Carta Holy Grail de Jay Z (dont Noisey nous indiquait, via un documentaire fascinant, que celle-ci possédait un sens caché pour quiconque se risquait à la gratter…) Ici, les symboles dorés sont posés sur une toile peinturée en noir. Le noir du punk et de ses tendances anarcho-syndicales, et le doré de la gloire branchouille et musicale ?

Émules

Quoiqu’ils représentent (le duo lui-même, ou bien une idée plus large de dualité), ces symboles posés sur un aplat sombre ont fait des émules. Car Roettinger, sous la direction d’Alison et de Jamie (c’est la première qui aurait suggéré l’idée au second), a fini par concevoir, idée toujours efficace, un motif pour chacun des 13 morceaux de l’album, proposant à chaque fois une traduction visuelle évidente du morceau illustré (un coeur pour « Heart of a Dog », des cerises pour « Bitter Fruit », un téléphone pour « Echo Home »…) Et histoire d’allier l’utile à l’agréable (ou plutôt, le marketing à l’artistique), le groupe propose justement à son public, via son compte Instagram, la possibilité de se faire tatouer chacun de ces motifs dessinés.

The Kills - Ash & Ice (Back)

D’une toute première pochette de disque qui défiait alors la chronique (celle de Keep on Your Mean Side, une photo marquée par une série d’empreintes digitales et par une photo des deux Kills portaitisés comme deux criminels condamnés à perpet afin d’accentuer encore la référence à Bonnie & Clyde), à la création engageante de contenu sur Instagram pour la dernière : toujours vraiment révoltés, les Kills ?

Le son

Accidenté et opéré, Jamie Hince a dû changer sa manière de jouer. L’une des raisons, sans doute, de l’apaisement net constaté sur ce cinquième album, moins empreint de ces colères assourdies que l’on ressentait souvent par le passé. Plus apaisé, peut-être plus introverti, cet Ash & Ice, une nouvelle fois composé de manière équivalente par les deux parties, paraît signer, et quitte à se formateur un poil, le disque le plus mature du duo anglo-américain. La fougue et la raison.

The Kills (Site officiel / Facebook / Instagram / Twitter)

Brian Roettinger (TumblR)

The Kills, Ash and Ice, 2016, Domino Records, 50 min., pochette par Brian Roettinger