The Blaze – Dancehall


« Le titre de notre album, Dancehall, superposé à la photo d’une barre d’immeubles de la pochette, est une façon de signifier que la salle de danse peut se trouver n’importe où, dans un hall de bâtiment ou ailleurs. »

La danse, ainsi, partout, où il est possible de l’invoquer, et de la provoquer. Au webzine Numéro, Guillaume Alric qui, avec Jonathan Alric (ils sont cousins), forme le duo The Blaze, confirme ce que le groupe formulait déjà à travers ses clips, dont la réalisation virtuose et les thématiques récurrentes (l’accent sur des groupes d’individus en marge, l’intensité des instants que l’on se rappelle plus que d’autres, l’écart parfois étroit entre hétérosexualité et homosexualité etc.) avaient permis de mettre un coup de projecteur décisif sur ce tandem qui parvient, et avec l’aide de l’autotune, à associer l’idée de musique électronique qui plane à celle de spleen qui plombe.

Danser pour vivre

Si la danse est présente dans, « Queens », le dernier clip en date du duo (qui gère tout au sein de son propre projet, de la musique à l’image), qui narre la trajectoire de deux jeunes filles issues de la communauté gitane (peut-être celle, importante, de Montpellier, une ville dans laquelle Guillaume a vécu pendant longtemps ?), elle est plus fondamentale encore dans les trois précédentes vidéos de The Blaze.

Axe central du clip de « Heaven », qui filme un jeune père tombé en état de transe euphorique au milieu d’une fête organisée au beau milieu des champs, la danse est surtout l’enjeu majeur de « Territory », ce clip dont la sortie avait eu un impact très important au moment de sa sortie (Romain Gavras, le cofondateur de Koutrajmé dont le duo a forcément scruté le travail, avait carrément parlé de « La meilleure œuvre d’art vue en 2017 »). De retour à Alger, un jeune garçon y gérait l’émotion débordante de ses retrouvailles familiales par quelques mouvements du corps qui l’amenaient, notamment, à une scène absolument culte sur les toits d’Alger. Une scène qui, parce qu’elle impliquait une promiscuité troublante entre garçons du même sexe, rappelait le clip de « Virile », le tout premier clip de The Blaze (2016), où deux garçons, weed dans le corps, son à fond et fenêtre ouverte sur l’étendue urbaine d’une jungle faite de béton, entamaient une danse qui les rendait, alors, particulièrement proches.

Et comme s’il fallait, pour The Blaze et à travers le visuel de leur premier album, rappeler aussi là où tout a commencé avant que tout ne finisse par s’emballer (les deux garçons étaient par exemple programmés à la dernière édition de Coachella), il faut certainement voir avec la photo qui illustre Dancehall un rappel très net de ce tout premier morceau, et ce clip de « Virile ». Le dernier plan de la vidéo, certainement filmé au drone, quitte en effet l’écrin étroit de l’appartement dans lequel se trouve le tandem d’amis (ou d’amants ?) afin de proposer un plan large sur l’immeuble dans lequel il se trouvait, une manière de signifier déjà, « que la salle de danse peut se trouver n’importe où »…

Le son

Longtemps demeuré discret sur l’identité de ses membres, The Blaze a fini par apparaître au grand jour avec le succès de Territory, ce premier EP qui devait marquer le début d’une ascension fulgurante pour un duo dont chaque clip devait, toujours, dépasser les millions de vues (celui de « Territory » en compte quelques 15 millions…) Chez The Blaze, dont le nom induit un double sens (c’est à la fois « le nom » en argot et « embrasement » en anglais), un chant autotuné et trainant se pose sur des nappes électroniques sensibles et nostalgiques, qui explosent parfois afin de libérer des tensions internes que l’on devine palpables. Grandiloquent et vivace, le son de The Blaze est une ode à ceux que l’on a décidé de placer en marge, et qui ont décidé, en guise de survie, de vivre le monde avec une intensité réelle. Une ode à la liberté, simplement.

The Blaze, Dancehall, 2018, Animal 63 / Believe Recordings,

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