Seldom Colin x André Palais – The Romantic Egotist


Seldom Colin x André Palais - The Romantic Egotist

Elle est emplit d’une tentative poétique certaine, cette photographie en noir et blanc, signée par le photographe, designer et vidéaste André Palais, qui sert de pochette à The Romantic Egotist, le 1er album du Français Seldom Colin, un artiste positionné ici tout en haut d’un escalier, sans doute bâti en pierre par son imaginaire (ou par un architecte négligent), et dont la particularité réside dans le fait que celui-ci n’ait pas été, à l’heure ou la photographie a été prise du moins, totalement terminé…

Stairway to Heaven

Bien sûr, on symbolise ici le voyage improbable qui conduit jusqu’aux portes du ciel. Et que l’on envisage d’y monter, en haut de cet escalier, afin de s’en jeter ou afin de forcer avec grâce la porte de l’habitat céleste, cela revient quasiment au même. Car le sensible, fréquemment ami du bipolaire, a fini par prendre l’habitude, au fil des âges, de trouver matière poétique tout autant dans le magnifique que dans le tragique.

David McCracen

Alors, plus encore qu’à Icar et à sa présomption suprême, on songe à cet édifice magistral bâti par l’artiste néo-zélandais David McCracken (Diminish and Ascend) dans le cadre d’une expo temporaire sur la plage de Bondi Beach, à Sydney, à l’escalator céleste de Led Zep (« Stairway to Heaven »), ou à La Métamorphose en bord de ciel de Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos également écrivain burtonien et vianesque lorsqu’il s’agit de se soigner l’âme autrement que par le rock loufoque, burlesque et électrique. Dionysos, justement, et on y pensait avant même d’avoir plongé les yeux dans le book du photographe, fait partie de ces groupes / artistes dont André Palais a illustré les albums au cours des dix dernières années (de MC Solaar à Vianney, des Wampas à Nosfell, de Trust à Alister), lui qui se trouve décidément bien attiré, lorsque l’on jette un œil attentif à son travail photographique, par l’idée de perspectives repensées et par celle de présentation devant le vide (voir la pochette de La Valse des Invisibles de Kalash ou celle d’Axel and the Farmers.

L’exaltation lugubre du « moi »

Le romantique autocentré (ou égotique) qui songe d’abord à lui. Et qui, dans une vision dix-neuvièmiste du terme, qui consistait notamment à cette fameuse exaltation (lugubre) du « moi » (Nerval style), envisage la suppression consciente de soi, et en occurrence, via la force du plongeon, afin d’attirer, encore un peu plus, l’attention du monde. Ça se tient.

Le son

Seldom Colin, s’il ne sait sans doute pas voler (qu’il l’assimile une bonne fois pour toute avant de poser les deux pieds dans le vide), a en tout cas appris à se déplacer sans trop de difficultés. Notamment : entre le trip hop, le jazz, les musiques classiques et électroniques, et aussi entre les voix de ces femmes (Marion Mayer, Désirée Diouf, Edurne Arizu…) qui parcourent ce premier album qui parle, certes, d’abord de soi, mais via la voix des autres.

Seldom Colin (Site officiel / FacebookSoundcloud)

André Palais (Site officiel)

Seldom Colin, The Romantic Egotist, 2016, Last Exit Publishing, 32 min., pochette par André Palais