Dans les montagnes du Vercors, là où certains sautent à l’élastique, d’autres fabriquent des disques bizarres, à la frontière des rêves et des réalités, bien loin de la “Ligne droite” que suivent, avec application, les êtres aux vies bien rangées.

Le passé, c’était hier

Dans une maison du Vercors, Nicolas Poisson et François Virot ont dit “Adieu au passé” (Addio Al Passato, en italien), ont invoqué la transe par le biais du saz, de chants entremêlés, de synthés, de guitares, de vapeurs qui parlent le langage du psychédélisme qui fait planer très haut.

Une “Long Long Walks” qu’on entame sur terre, qu’on poursuit dans les cieux, qu’on creuse jusqu’au soul-sol et qu’on termine, toujours, à l’intérieur de soi.

Rêves

“J’avais depuis longtemps le fantasme de travailler avec Nico Pegon dont j’admirais le travail, pas seulement sa minutie et sa précision incroyable, mais aussi le mystère autour de ces sujets toujours étonnants, touchants et déstabilisants. Comme un message du monde des rêves.”, nous glisse Nicolas Poisson, moitié de Sathönay, dont le nouvel album est sorti ces dernières semaines.

C’est qu’entre les images visuelles de Nicolas Pegon et les images mentales de Sathönay, des connexions évidentes existent. Il est le compagnon de transe idéal pour tenir par le poignet cette musique illustrée par une image qui existait déjà, mais que l’on jugerait avoir été entièrement conçue pour elle.

Larmes

“Le dessin que nous avons choisi est un détail de Bois-moi, un dessin de 2020 au fusain compressé de 79 x 97 cm. Une femme, de l’eau qui coule. La bouche tordue, pourquoi ? On ne voit pas ses yeux et sous l’eau, on ne voit pas les larmes. All these moments will be lost in time. Like tears in rain.”

Pourtant, au sein du groupe, le choix de cette image, que d’aucuns peuvent sans doute trouver lugubre, hostile, repoussante même peut-être, ne fait “pas immédiatement fait l’unanimité”. Un gros plan sur une bouche qui paraît grincer, avec la dentition de travers et les traits marqués ? Faut l’assumer, faut la porter.

“Est-ce que cela nous représente ? Ou notre musique ? Pour moi, c’est le visage que je vois quand je regarde les autres pendant un concert. Peut-être que ce n’est pas de l’eau. Quand Alice pleure, elle crée un océan… C’est peut-être un rire furieux, un orgasme. Nico Pegon a la réponse a toutes ces questions, nous, nous ne pouvons qu’imaginer. Quelle chance !”

Sathönay (Site officiel / Bandcamp / SoundCloud / Facebook)

Nicolas Pegon (Site officiel)

Sathönay, Addio Al Passato, 2022, S.K. Records / Carton Records, 40 min., pochette de Nicolas Pegon