Robag Wruhme x Simon Störk – Venq Tolep


Tout en haut d’un rocher qui paraît particulièrement élevé, une silhouette contemple l’immensité qui s’étend sous ses pieds. Devant elle une forêt, dense et épaisse, et au-dessus de sa tête, un ciel idéalement azur. Le paysage est celui d’une carte postale – de la formation rocheuse de Bastei, près de la ville allemande de Dresde, où l’on peut contempler l’Elbe depuis les quelques 305 mètres d’altitude de l’endroit -, mais c’est un autre élément qui, au premier abord, attire l’œil. À gauche de l’image, un peu en dessous d’où se trouve l’humain vêtu de blanc, on remarque en effet un drôle d’engin, fabriqué en blanc lui aussi et vêtu d’une étonnante carcasse d’acier, posé ici comme s’il venait, tout récemment, d’y atterrir. Cet engin, qui porte sur sa peau les initiales « RW » – une référence, un peu mégalo, à son propriétaire ? -, c’est celui du producteur allemand Robag Wruhme (aka Gabor Schablitzki), qui a sorti sur Pampa Records l’album Venq Tolep, un nom qui semble tout droit issu d’une langue inconnue, de celle que l’on emploie sur ces territoires, loin d’ici, qui n’auraient pas encore été découverts par une quelconque entité terrestre.

Ici et ailleurs

Car sur ce visuel signé Simon Störk, allemand lui aussi, c’est en effet à l’explorateur venu d’ailleurs que l’on songe, un explorateur qui aurait choisi le bon moment pour admirer le panorama de Bastei, à une heure où, dans ce qui est devenu l’une des grandes attractions touristiques de la région de Suisse Saxonne (un macrogéochore de la région naturelle des montagnes et haut-plateaux de Saxe), il n’y aurait encore personne. C’est que sur Venq Tolep, le producteur, qui, disccographiquement parlant, était resté silencieux pendant huit ans, échantillonne et transforme une multitude de sons, issus de partout, des sons devenus les unités compactes de ce disque qui s’affirme, et une partie de l’idée de cette pochette est donc ici, comme un véritable terrain d’explorations sonores.

Et ces symboles sur la cover, qui évoquent, eux aussi, une civilisation étrangère à celles que l’on connaît sur la planète Terre ? « Ils sont inspirés du prétendu disque d’or », nous dit Simon Störk, attestant la thèse de vouloir confronter les civilisations d’ici et celles d’autre part. « Un disque littéralement doré qui contient des sons et des images de la Terre et de ses habitants. Il était à bord du vaisseau spatial Voyager, lancé en 1977, et a depuis voyagé dans l’espace », rappelle-t-il. « Le disque avait pour but de décrire la diversité de la vie et de la culture sur la Terre pour tout être extraterrestre ou futur humain ». Alors, Venq Tolep, est-ce donc la réponse à ce condensé synthétique de ce que les civilisations terrestres sont parvenues à élaborer, de ceux qui seraient parvenus à l’écouter, à le comprendre, à l’assimiler ? « C’est le cadeau d’un petit monde lointain, gage de nos sons, de notre science, de nos images, de notre musique, de nos pensées et de nos sentiments. Nous essayons de survivre à notre époque pour pouvoir vivre dans le vôtre. », disait Jimmy Carter à propos de ce disque dont l’humanité, a depuis longtemps, perdu la trace…

Le son

C’était plutôt techno hier, ça se rapproche de l’ambiant pop aujourd’hui, et dans tous les cas, c’est une exigence solide couplée à la minutie la plus extrême : sur Venq Tolep, le producteur allemand Robag Wruhme a récupéré des sons de partout (dans la vraie vie ou dans celle, plus alternative, que l’on nomme virtuelle), en a créé de nouveau. Son album est un patchwork dans laquelle, tout de même, une unité survient, un album qui paraît dire « hello to the world », qu’il s’agisse du monde que chacun fréquente chaque jour, ou peut-être d’un autre.

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Simon Störk (Site officiel)

Robag Wruhme, Venq Tolep, 2019, Pampa Records, 39 min., artwork par Robag Wruhme (photo) et Simon Störk (design graphique)