Pharaon de Winter x Fan Yang Tsung – Pharaon de Winter


Pharaon de Winter x Fan Yang Tsung - Pharaon de Winter

L’histoire de Maxime Chamoux et de son Pharaon de Winter – le nouveau nom de (Please) Don’t Blame Mexico – est une histoire de culot. Le culot d’être capable, comme ce nageur à la peau rouge écarlate en train d’enfiler son bonnet blanc, de se jeter à l’eau sans avoir peur des conséquences que cela peut impliquer. Accepter la possibilité de la peau qui brûle encore davantage après l’impact de la flotte pour l’un, et accepter l’idée de réciter une pop variétale appliquée que certains jugeront rétrograde et dépassée (on cite ici Souchon et Samson plus que Darc et Gainsbourg) pour l’autre.

Peau écarlate et saut de très haut

Le culot aussi, de prendre le risque de demander à l’auteur de cette aquarelle aqueuse et cramée d’utiliser ce visuel à son profit, malgré la célébrité divergente des deux acteurs. Maxime, rencontré dans les allées blindées du Musée du Louvre : « L’été dernier, je passais pas mal de temps sur des blogs et des sites d’arts graphiques. J’avais repéré les œuvres de ce Taïwanais qui a fait une série d’aquarelles exclusivement axée sur l’univers de la piscine. J’avais mis ce tableau de côté, juste comme ça. Et puis j’ai finis par me retrouver en galère avec cette histoire de pochette d’album. Du coup j’y suis allé au culot. J’ai cherché ‘Fan Yang Tsung’ sur Facebook, je lui ai écrit : ‘t’as l’air assez connu, moi je ne le suis pas du tout. Est-ce que malgré tout tu accepterais que j’utilise ce visuel pour illustrer mon album ?’ Je lui ai envoyé un clip de (Please) Don’t Blame Mexico en disant que ce que je faisais aujourd’hui avait quand même un peu changé mais que ça lui donnerait une vague idée. Il m’a répondu dans les 5 minutes : ‘I like your song, you can use my work’ ! »

Pointilleux et aqueux

Le visuel sera utilisé tel quel. Seul le nom de l’album, éponyme, sera ajouté, via Audrey Elbaz, qui s’était chargée pour sa part du visuel précédent, celui de l’EP Pointillisme. Cohérente avec le nom de l’objet discographique, elle avait alors juxtaposé quelques petites touches séparées sur un espace maculé d’un blanc virginal.

Pharaon de Winter x Audrey Elbaz - Pointillisme

Prédominance du blanc sur ce premier EP, et du bleu sur ce premier LP, conformément à la volonté initiale de Maxime, bien loin des préoccupations académiques et portraitistes qu’évoque le peintre du XIXe siècle auquel il emprunte le nom : « Je voulais un album qui soit froid, mais dans le sens ‘revigorant’. Comme quand tu te prends du givre dans le visage quand il fait trop chaud. J’avais, pour symboliser cette volonté, une image de bleu persan dans la tête. Le travail de Fan Yang Tsung coïncidait étonnamment bien ! »

Le son

Lassé du son indéniablement marqué « indie rock » qu’il proposait sur (Please) Don’t Blame Mexico et sur Toy Fight, Maxime Chamoux se met à composer une pop soudainement devenue sensible à la variété française du début des années 80, de Souchon à Samson, de Balavoine à Voulzy. Devenu Pharaon de Winter afin de symboliser ce changement radical, Maxime conserve cependant la même équipe que sur (Please), laisse davantage de place à la légèreté grave du piano, et accumule les balades de pop mélodique sur un premier album, signé chez Vietnam, doucement mélancolique et durement libéré. Soit l’idée de salut artistique obtenue, paradoxalement, grâce à la volonté de se mettre en danger.

Pharaon de Winter (Facebook / Twitter / SoundCloud)

Audrey Elbaz (Site officiel)

Pharaon de Winter, Pharaon de Winter, 2015, Vietnam / Because, 43 min., pochette par Audrey Elbaz, d’après une aquarelle originale de Fan Yang Tsung