Pépite x Baptiste Perrin — Les années lumière


C’est dans l’intimité de la chambre à coucher que naissent souvent les prémices des idées. Le corps tout à fait reposé, dans un espace généralement sécurisé, l’esprit peut alors voguer quelque part, au hasard des tracés, puis percuter en chemin un élément qui l’emmènerait ailleurs : la collision créée la faille, dilate la notion d’espace-temps, engendre bientôt ce qui deviendra un projet, un plan, une ambition, un horizon. Un album en l’occurrence pour Pépite, duo français formé d’Édouard Perrin et de Thomas Darmon, le deuxième d’une discographie qui avait accouché d’un premier en 2019, le très réussi Virages (sorti sur le label microqlima). Une pop new-wave, funky, doucement mélancolique, accompagnée de visuels qui fonctionnent à chaque fois. 

Rêve

« Les années-lumière sont représentées ici comme la douceur d’un réveil, un moment où les rêvent colorent encore les pensées avant de fondre dans le jour. Une chambre symbolisant cette frontière entre intérieur et extérieur, des histoires suspendues voyageant dans le fil de la lumière. », dit Baptiste Perrin, créateur de la pochette d’un groupe dont le frère, Édouard, est l’un des fondateurs.

Baptiste, depuis la fondation de Pépite en 2016, supervise et coordonne la direction artistique visuelle du projet. Il a designé l’ensemble des pochettes des disques et a réalisé la majorité des clips, dont ceux accompagnant ce nouvel album en date. Un acteur essentiel du projet mis dans la boucle dès les premières notes.

« On fait toujours écouter à Baptiste au fur et à mesure de la composition pour qu’il puisse s’imprégner de l’essence de l’album. », dit Édouard. « Baptiste intervient lorsque les morceaux sont encore à l’état de démo, ce qui nous permet d’échanger le plus vite possible. La musique nourrit ainsi l’image… et inversement », ajoute Thomas.

Cartes postales

« On pourrait voir nos différentes pochettes comme un ensemble de cartes postales, racontant chacune les parties d’une aventure, les différentes étapes d’un voyage. », dit Baptiste.  Et Édouard : « Le premier EP fut composé en bord de la mer, le deuxième comme dans une jungle un peu plus confuse. Notre premier album, lui, est une carte postale de Paris. Notre troisième EP a une pochette plus abstraite qui représente bien cette période étrange que fût 2020. ».

Pour la pochette des Années lumière, qu’en a-t-il été ? Édouard : « C’est une chambre dans laquelle nous nous sommes enfermés pour faire le point sur le passé, le présent et le futur pour composer ces 11 nouveaux titres. » Thomas Darmon : « En échangeant tous les trois, on a vite eu cette idée de perspective représentée par une fenêtre. Et en la développant est apparue cette idée d’une chambre qui donne à la fois sur l’extérieur, mais aussi chargé de divers souvenirs. »

Des souvenirs potentiels ? De manière dispersée : un vinyle couché sur un tapis, un bocal empli d’eau — et d’un poisson rouge —, un ventilateur, quelques piles de bouquins, une concorde miniature ou même un flamant rose, dont on ne peut comprendre s’il est fait de chair et de plumes ou bien simplement de plastique. Un sablier faisant défiler le temps, aussi, pour rappeler que ce temps-là, mis en scène dans cette pochette un brin nostalgique et qui évoque les heures tendres, innocentes et lointaines de l’enfance, possède une durée limitée. Car cette image-là semble signifier la multitude d’un souvenir qui s’évaporera d’un moment à l’autre. « Avec le recul, cette pochette, c’est un peu comme revenir à la maison après un long voyage. », conclut Baptiste.

Un voyage dont on peinera, en se le rappelant plus tard, ce qui tenait directement du réel et ce qui se relevait plutôt du rêve. Et peu importe ici la frontière entre les deux : car ce qui compte, c’est bien ce qui reste.

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Pépite, Les années lumière, 2024, microqlima, 42 min., pochette de Baptiste Perrin.