Pendentif x Paul Rousteau – Vertige Exhaussé


En 2013, on avait ouvert grand les yeux devant l’artwork de Mafia Douce (quel beau nom de disque, aussi), le premier album de Pendentif dont le visuel mettait alors en scène une fille, que l’on devinait très jolie, en train de descendre, pourtant vêtue d’habits brillants, des marches menant tout droit à une piscine visitée alors que la nuit, semble-t-il, était depuis un moment tombée. Le bleu foncé, le rose, et la sensation de se retrouver dans une pellicule datée 80’s, narrant une romance, douce forcément, emplie d’une poésie bien naïve, et belle, forcément. Un peu avant, il y avait eu ces ananas colorés, pour illustrer le single Embrasse Moi / Jerricane, et puis ces phares de voitures aux couleurs inhabituelles (bleu et rose), échappées d’une nuit noire et sournoise, pour La nuit dernière. Stranger things, très beaux visuels.

En 2017, un coup de cœur, de nouveau, pour le second album du groupe – Vertige Exhaussé -, un artwork signé Paul Rousseau qui témoigne, effectivement, d’une belle sensation de vertiges (parce que la photo a été prise de très haut, notamment…) Alors, lorsqu’on a voulu en savoir davantage sur ce travail-là, largement différent de ce qui avait été fait sur Mafia Douce, on nous a fourni cette réponse du groupe, toujours mené par Benoît Lambin.

« La pochette de l’album a été trouvée lors de la sélection de photos de presse. Nous avons réalisé cette photo pendant une randonnée deux  jours qui nous a mené au glacier de Gébroulaz dans le domaine de la Vanoise. Le principe était de vivre une expérience dans le paysage autour de l’artwork de l’album. C’est également ce que nous venons de faire en présentant le titre  « Vertige Exhaussé  » en direct à bord d’un ULM au milieu des nuages. Nous avons choisi de travailler avec Paul Rousteau. »

Photographie picturale

« Je préfère la peinture à la photographie. La peinture, c’est ce qui me donne des émotions. Il faut dire que les images du jeune photographe ont un lien fort avec le mouvement expressionniste. Les couleurs déambulent, les corps se déforment… Paul exhibe une réalité trouble et illusoire, comme si ses photographies sortaient tout droit d’un Eden. Comme souvent en peinture, il compose des nus, des portraits, des paysages et s’inspire de peintres à la touche picturale forte, à l’instar de l’artiste post-impressionniste Pierre Bonnard. Son but ? Utiliser la photographie comme moyen de substitution afin de recréer l’émotion que peut lui susciter une œuvre peinte.

Il travaille sous un régime non représentatif mais « impressionniste » dans la lignée d’un Soleil levant au sens où la sensation prime sur l’identification du réel. »

Car :

« Le personnage central de cet album c’est le paysage et sa lumière.
On travaille la musique et les textes en termes d’image, de jeu de sensations comme la vibration de la lumière. Précis dans le flou.

Vœux exaucé l’homonyme. Vertige Exhaussé (Augmenter la valeur de quelque chose, le rendre plus élever)
C’est à la fois une émotion qui n’en finit plus de monter comme un orgasme ultime
Et que l’on attendait depuis longtemps
Cette envie de se plonger dans le paysage pour s’y perdre et y ressentir
Le désir de saisir tout ce qu’il est possible d’y voir, d’y ressentir
Une sorte d’idéal inatteignable ».

Bleu cobalt

« La couleur principale de la pochette de l’album
Van Gogh a écrit à son frère Theo : « Le bleu de cobalt est une couleur divine et il n’y a rien de plus beau pour installer une atmosphère.« 
Chanson sur l’élan de la nature
Sur la vibration de la lumière, Monet : « Chaque matin je sais que s’écoulera un jour miroir de la veille et esquisse du lendemain.
Les variations des heures jouent sur la coloration du ciel,
les allées et venues des oiseaux et mille nuances à peine perceptibles. » »

Le son

Loin de Mafia Douce, qui accueillait alors la voix de Cindy Callède, Pendentif, toujours mené par Benoît Lambin et qui a accueilli en son sein la voix suave et caressante de Julia Jean-Baptiste (deux EP parus chez Entreprise en solo) a choisi le bleu de cobalt de Vincent Van Gogh comme fil conducteur, teintant son album d’un coloris aqueux, voltigeur, synthétique. Cette pop-là, autrefois si légère, se complexifie et se densifie (s’autotune, même), et marque la volonté de se positionner, non plus dans le revival 80’s de ses débuts, mais plutôt dans les tendances confondant musique pop, électronique et R&B, des années actuelles. Mutation réelle, mutation parfaite. Et une nouvelle rêverie qui s’exhausse ?

Pendentif (Facebook / Twitter / Soundcloud / Youtube)

Paul Rousteau (Site officiel)

Pendentif, Vertige Exhaussé, 2018, Le Label [PIAS], artwork par Paul Rousseau