Paul Kalkbrenner x Paul Eisel – Parts of Life


Dix ans après Berlin Calling, l’album qui accompagnait le film du même nom et qui l’avait fait connaître auprès du très grand public, l’Allemand Paul Kalkbrenner affirme avoir sorti, avec Parts of Life, l’album le plus personnel de sa carrière. Alors, on ne doute pas de la bonne foi de Paul K, mais comment l’attester, concrètement, de cette authenticité plus forte encore qu’hier, et au sein d’un album qui ne comporte quasiment aucune parole et dont les morceaux s’avèrent simplement nommés comme le fichier source utilisé en production ? Par les artworks.

Madeleines de Proust ?

Car la pochette de ce huitième album de la discographie du DJ et producteur de Leipzig, de même que les visuels qui ont accompagné la sortie des singles, sont signés par Paul Eisel, son oncle, et sont tous censés mettre en scène « des objet personnels de Paul Kalkbrenner » (Sony Music). Comprendre : des objets qui appartiennent d’abord à son patrimoine affectif personnel, Madeleines de Proust nombreuses et variées (de la charcuterie, une bouteille d’alcool fort, un fusil de chasse, quelques bouquins reliés et en Allemand, un vase imitation « Ming »…) qui parleront d’abord, et surtout, à celui qui a décidé d’en faire les témoignages d’un passé forcément fragmenté.

Seuls les objets de l’artwork principal, celui de Parts of Life, pourront évoquer à un regard extérieur quelque chose de compréhensible : la trompette, posée sur le bureau aux côtés du casque de pilote, renvoie en effet à la formation de trompettiste suivie par Paul jusqu’en 1990 avant qu’il ne se lance dans la musique électronique, une musique qui pourrait être symbolisée par cette prise débranchée, qui ne peut ainsi fonctionner sans l’aide, précieuse, d’un réseau électrique. Pour le reste, il y a ici des clopes, un smartphone qui ressemble pas mal à ceux que commercialise Apple (placement de produit ?), ou encore une sculpture représentant un héron posé sur une tortue. Libre à quiconque d’y voir, ici, autre chose qu’un hommage rendu à ces objets qui ne veulent rien dire pour les uns, mais qui peuvent symboliser, pour les autres, une partie entière de vie.

Le son

Outre les tubes provenant de Berlin Calling, et peut-être quelques-uns du disque suivant, Guten Tag, quel intérêt réside encore aujourd’hui dans la musique de l’Allemand Paul Kalkbrenner, pilier de la techno minimale grand public ? Parts of Life fait suite à la trilogie Back To The Future, qui narrait la genèse de la musique techno à Berlin de la fin des années 80 et qui l’avait vu emplir sa musique de samples nouveaux, lui qui avait pu alors accéder aux archives de Sony Music, et ne fera de mal à personne. Il ne renouvellera toutefois pas une discographie qui, sans surprise, commence sérieusement à tourner en rond. C’est qu’ils sont bien peu nombreux, ceux qui parviennent, en quasiment vingt ans de musique, à renouveler suffisamment le propos pour se faire accompagner sur la route par des amateurs nouveaux. Faut-il encore le vouloir.

Paul Kalkbrenner (Site officielFacebook / Twitter / Instagram)

Paul Kalkbrenner, Parts of Life, 2018, Sony Music / Columbia, artwork par Paul Eisel