Orchestra Baobab — Tribute To Ndiouga Dieng


Au Sénégal, et comme dans la plupart des pays d’Afrique, le taux d’analphabétisme culmine encore à des hauteurs particulièrement importantes. Plus de 50% de la population, selon des chiffres datant de 2009. Et si ce sont, comme on s’en doute, les populations vivant en dehors des villes qui se trouvent le plus touchés, cela ne veut pas dire pour autant que les grandes capitales sont épargnées par ce fléau sociétal.

Une affiche dans la ville

À Dakar, notamment, de nombreuses boutiques, restaurants, cafés, sont encore contraints de faire appel à des affiches aux contenus le plus parlant possible, afin d’orienter les populations n’ayant pas la chance d’être alphabétisées. Les salons de coiffure, qui prolifèrent au sein de la capitale sénégalaise, affichent eux aussi sur leurs devantures des images suffisamment significatives pour que l’on comprenne le service que l’on propose une fois la porte d’entrée passée. C’est sur l’une de ces affiches, justement, que tombe un jour Nick Gold (le boss du label World Circuit et producteur de Tribute To Ndiouga Dieng), de passage dans le coin et alors en pleine réflexion autour du visuel qui pourrait bien illustrer le nouvel album d’Orchestra Baobab, de retour en studio après quasiment dix ans de mutisme. Coup de cœur instantané.

Nick Gold achète alors l’affiche, purement graphique et en noir et blanc, au salon de coiffure, la fait reproduire, et relire en grand format. Plutôt que par un portrait de Ndiouga Dieng, l’un des anciens chanteurs du groupe décédé l’an passé et auquel ce disque est dédié, l’album sera donc illustré par cet illustre inconnu pris de profil et sans doute passé, dans les instants précédents sa représentation imagée, par la case « salon de coiffure ». Afin d’être aussi élégant question capillaire que question vestimentaire ?

Une autre version de cette pochette existe, celle-ci-dessus, divisant l’affiche en quatre portraits, deux fois doublés, un visuel là encore à contre-coup total de ce que le groupe sénégalais avait pu, jusqu’alors, proposer, iconographiquement parlant. Hasard heureux, et très belle réussite.

Le son

Afin de rendre hommage à l’un de ses membres récemment disparu — Ndiouga Dieng —, Orchestre Baibab signe, dix ans après, un retour attendu, mais qui ne bouleverse en aucun cas les fondements viscéraux du groupe de Dakar. Tribute to Ndiouga Dieng demeure, comme l’étaient alors Pirates Choices ou Made in Dakar, une fusion inédite entre sonorités cubaines et sonorités issues des foisonnantes contrées sénégalaises. 50 ans après, l’Orchestra peut toujours se comparer à l’imposant Baobab : car il demeure l’un des forts du territoire sur lequel il réside.

Orchestra Baobab (Site officielFacebook)
Orchestra Baobab, Tribute To Ndiouga Dieng, 2017, World Circuit, 41 min.