Nicolá Cruz x Orly Anan – Siku


Directrice artistique et artiste plasticienne, Orly Anan s’intéresse à la fusion entre art rituel et monde contemporain. Au Mexique, en Inde, en Indonésie, elle explore les traditions visuelles locales, et les détourne, afin de fonder sa propre esthétique ésotérique, pop, complexe, décomplexée. Cette constellation d’objets et d’éléments issus de la nature nourricière (son travail la pousse à utiliser, souvent, une panoplie de fruits), elle l’a met aujourd’hui au service de Nicolà Cruz, le producteur dont la musique permet la rencontre, fusionnelle elle aussi et quasi anthropologique, de sonorités issues de son Équateur natal (les flûtes andines notamment, omniprésentes), d’éléments organiques (le murmure de la jungle) de productions électroniques (beats apaisés et basses lourdes). Passionné de cosmologie ancestrale, et soucieux de la préservation d’une histoire pas toujours considérée à sa juste valeur (celle de l’Équateur, et des traditions orales et musicales qui y ont émergé), Nicola Cruz raconte le passé, en se produisant au présent, et propose, avec l’artwork de Siku, son second album, la représentation d’une mythologie nouvelle.

D’où vient l’idée de cet artwork qui illustre Siku, le nouvel album de Nicolá Cruz ?

Orly Anan : L’idée de cet artwork fait suite à de longs mois de conversations entre Nicolá Cruz et moi, à propos de la musique, des rituels, et des cultures des différents continents. Nous voulions trouver une manière de créer une constellation d’objets et d’artéfact qui n’appartiendraient pas nécessairement à une culture spécifique, mais représenteraient, plutôt, un espace sacré intentionnel avec des éléments de différentes cultures, un autel puissant où les sons et la musique seraient la source centrale d’énergie. Ce fut vraiment un défi. Et notamment depuis que je suis à Bali en Indonésie, et que je suis entouré de nombreux artefacts de la région.

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L’idée était d’intégrer de nombreuses cultures ensemble, et de créer ainsi notre propre culture, qui posséderait ses propres symboles, ses propres objets

Nicolá Cruz
Nicolá Cruz – Prender el Alma (2015)

Quel lien précis doit-on voir entre cet artwork de Siku, et le titre de cet album ?

Nicolá Cruz : Le siku est un instrument de musique qui peut avoir plusieurs niveaux, réglages et fréquences, de même que la composition des objets sur l’autel. Siku, le titre se réfère évidemment à la flûte qui porte ce nom, mais aussi au fait de jouer ensemble, de collaborer, et ce comme le veut la tradition andine, qui, inclusive, invite tous les gens qui le souhaitent à jouer ensemble et à se joindre aux autres. Cette tradition-là est très différente, par exemple, de l’idéologie occidentale parfois très élitiste, où seul celui qui a étudié l’art de la musique est autorisé à toucher à un instrument de musique. Pour la pochette de ce disque, l’idée était donc d’intégrer de nombreuses cultures ensemble, et de créer ainsi notre propre culture, qui posséderait ses propres symboles, ses propres objets.

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La musique de Nicolá propose une exploration des traditions populaires et des mythologies ancestrales, vues à travers le prisme du monde moderne. La démarche est-elle la même pour cet artwork ?

Orly Anan : Effectivement, l’idée principale était de matérialiser, visuellement parlant, cette fusion de sons populaires et de mythologies du monde, mais avec une touche plus contemporaine. C’est pourquoi le contraste inhabituel entre l’architecture traditionnelle de l’autel indonésien et le mélange d’objets du monde décontextualisés est présent.

Sur ce visuel, les objets sont constellés de manière symétrique sur une autel indonésien traditionnel en activité depuis de nombreuses années

Orly Anan

Bien que cette mise en scène réfère donc à une mythologie fantasmagorique, peut-on, tout de même, reconnaître certains éléments au sein du visuel qui constitue la pochette de ce second album ?

Orly Anan : L’artwork de Siku a été créé à Bali en Indonésie, et plus précisément à Ubud, une ville située sur les hauts plateaux de Bali, une zone très tropicale, humide et parcourue par une jungle, qui me rappelle tous les liens existant entre l’Asie et l’Amérique latine. Sur ce visuel, les objets sont constellés de manière symétrique sur un autel indonésien traditionnel en activité depuis de nombreuses années. L’énergie qui découle de cet espace était idéal pour créer ce dialogue qu’évoque la musique de Nicolá et qu’on voulait évoquer avec l’artwork. En tenant compte de toute la fusion des sons et des cultures mélangées dans Siku, l’idée était de créer un autel avec plusieurs symboles universels, tels que la main en bois qui symbolise la protection, et les masques avec des motifs de batik qui rappellent les motifs des traditions d’Asie du Sud-est, ou des Indigènes latino-américains et africains. Les paniers sont aussi des éléments banals que l’on trouve sur tous les continents et ne varient que par la manière dont ils sont tissés.

En Español

¿De dónde proviene la idea de este artwork que ilustra a Siku, tu nuevo álbum?

Orly Anan : La idea surge de una serie de largos meses de conversiones sobre musica, rituales y cultura de diversos continentes entre Orly Anan Y Nicola Cruz, hablamos de como crear una constelación de objetos y artefactos que no necesariamente pertenezcan a una cultura especifica sino mas que retrate un espacio sagrado intencionado con elementos de varias culturas, un altar poderoso donde los sonidos y la música son la fuente central energética. fue sin duda un desafío . ya que yo estaba en Bali Indonesia y estaba rodeada de muchos artefactos de la zona.

¿ Qué enlace debemos ver entre el artwork de Siku y el título de su álbum ?

Nicolá Cruz : Siku es un instrumento que puede tener varios niveles, sintonías y frecuencias al igual que la composición de los objetos en el altar.  

Siku esta haciendo referencia del flauta y tambien el hecho de tocar juntos, colaborar.  Uno de los significados para mi es este tradicion Andina de tocar juntos, de ser inclusivos, de hacer una invitacion a la gente que quere participar en la musica, a unirse.  A diferencia de la ideologia occidental que a veces es  elitista, solo quien he estudiado puede tocar.

La idea era de integrar muchas culturas y crear nuestro propio cultura tambien.  Con nuestros propios simbologias, objetos.  La inclusion, este es el enlace para que lo que Siku significa para la musica y el arte.

Su música ofrece una exploración de las tradiciones populares y las mitologías ancestrales, vistas desde el prisma del mundo moderno. ¿Es lo mismo para tu artwork?

Orly Anan : Correcto,  la idea principal fue materializar visualmente esta fusión de sonidos y mitologías populares del mundo pero con un twist mas contemporáneo por eso esta presente el contraste inusual entre la arquitectura tradicional del altar Indones y la mezcla de objetos  mundanos descontextualizados.

¿Qué elementos deben ser reconocidos en el artwork de este álbum?

Orly Anan : El Arte para SIKU fue constelado en Bali Indonesia , para ser mas especifico en UBUD  que es una zona muy tropical , húmeda y selvática la cual me recuerda mucho todos los lazos que hay entre Asia y  Latinoamérica.

Los objetos están constelados en simetrías sobre un altar real tradicional Indones, que ya lleva muchos años activo por eso energéticamente se me iso el espacio perfecto para crear este dialogo para la portada . teniendo en cuenta toda la fusión de sonidos y culturas mezcladas en SIKU, la idea fue crear un altar con varios símbolos universales como por ejemplo la mano de madera que simboliza la protección, y las mascaras con patrones de Batik que recuerdan patrones de tradiciones del sudeste asiático, indígena Latino Americanos y Africanos, los canastos también son elementos mundanos que se encuentran en todos los continentes y solo varían su forma de tejerlos.  

Le son

Utilisés au Pérou, au Chili, au Paraguay, en Argentine ou en Bolivie, les siku, connus depuis le XVIe siècle sont des instruments à vent andins très proches des flûtes de pan, souvent utilisées, encore aujourd’hui, lorsqu’il est question, dans cette partie de l’Amérique du Sud, d’évoquer les sons d’hier encore valables de nos jours. Le son du siku, c’est lui qui ouvre, avec le superbe « Arka », le second album de Nicolá Cruz, un disque qui laisse, plus encore que sur le précédent, la place à ces voix (celles de Chato, de Castello Blanco, de Minük) venant donner un surplus d’organique à des productions électroniques toujours axées sur la rencontre, heureuse et généreuse, du monde moderne et de celui d’hier. Une nouvelle fois, pour Nicolà Cruz et dans son genre, c’est un véritable chef-d’œuvre.

Nicolá Cruz (Site officiel / Facebook / Instagram)

Orly Anan (Site officiel / Facebook / Instagram / Vimeo)

Nicolá Cruz, Siku, 2019, ZZK Records, artwork par Orly Anan, design graphique par Ventral is Golden