Ici, une sphère immense (peut-être un œil, ou bien même une planète pas encore identifiée) émerge au sein d’un ciel devenu rouge et rosé, sous le regard distrait d’un oiseau qui n’a pas encore pu prendre conscience du monde qui se bouleverse et des éléments qui s’inversent tout autour de lui. Là, des yeux sans pupille ni iris, et un visage qui effraierait sans doute les plus courageux des hommes. Là encore, une femme à la peau bleu-verte, enroulée par ce serpent qui semble murmurer à l’oreille le péché, originel ou autre.

« Chaque pochette est une invitation à se plonger dans notre univers »

Tous ces visuels, et les autres qui composent l’iconographie soignée du groupe Minuit (formé autour de Simone Ringer, fille de Catherine, et de Raoul Chichin, fils de Fred, soit les ex Rita Mitsoukou) ils sont l’œuvre de Simone Ringer, qui exprima d’abord sa créativité dans le dessin avant de le faire, comme sa mère avant elle, dans la musique. « Mon premier amour est le dessin et je dirais que pour moi, dessin/peinture et musique se complètent parfaitement. Je m’inspire de la musique pour dessiner et je m’inspire du dessin pour écrire », nous dit Simone, qui a intuitivement pris en charge la direction artistique visuelle du projet, depuis ses balbutiements jusqu’à aujourd’hui. « Le dessin m’amène un équilibre dans la vie. J’aime la minutie, et la patience qu’il demande. Et je trouve d’ailleurs que le meilleur moment pour écouter de la musique c’est quand je dessine », dit-elle encore. « Je suis très inspirée par l’art psychédélique, mais aussi par le symbolisme. J’aime qu’une image ait plusieurs éléments à déchiffrer. Pour moi la musique c’est un monde, un univers, chaque pochette est une invitation à se plonger dans le nôtre. »

Sauf qu’au moment où Minuit devait dévoiler, après un premier EP éponyme parut en 2015, son tout premier album, on fut surpris de découvrir une pochette de disque à l’illustration photographique, rompant avec la récurrence iconographique qui avait jusqu’alors été si scrupuleusement perpétuée.

« Pour notre premier album, nous avions tout simplement tous envie de nous dévoiler, de nous présenter au public », poursuit Simone. « Un ami photographe m’a alors montré le travail de Manu Fauque, et j’ai tout de suite aimé son jeu de couleurs et de lumière et le grain de ses photos. Je trouvais son travail chaleureux et stylé. »

En ressort ce visuel qui présente les quatre membres du groupe, les yeux rivés sur l’objectif. « L’idée de départ était de travailler comme pour une affiche de cinéma, avec une histoire et pas simplement jouer sur l’esthétique. Cette réflexion a abouti à un photomontage s’inspirant pour la typo de films d’horreur de série B, et plus généralement de Vertigo, le film d’Alfred Hitchcock ».

Le son

Le propos global est pop, et les arrangements disco, psyché, new-wave, et parfois très rock : le premier album de Minuit, formé autour de la descendance d’un groupe, les Rita Mitsoukou, qu’il serait bien difficile de ne pas voir, se positionne à l’heure, des années 80 (l’alliance, marqué, des synthés et des guitares), et de cet instant où la pop à la française vécue ses heures les plus grandes, afin de participer à cette vague qui a décidé, aussi, que les années 2010 seraient non pas seulement hip-hop, mais également pop. 

Minuit (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram / YouTube)

Manu Fauque (Site officiel)

Minuit, Vertigo, 2018, Because Music, artwork par Manu Fauque