Miike Snow, son truc, c’est les cerfs. Ou plus justement, les lapins déguisés en cerfs (sacrés farceurs ces lapins). Depuis que le trio suédois (Andrew Wyatt, Christian Karlsson et Pontus Winnberg) a émergé sur la scène pop scandinave (et plus globalement, sur la scène pop mondiale, puisque le projet fonctionne suffisamment pour que l’on en ait entendu parler bien au-delà de la cité de Stockholm), l’intégralité de ses pochettes de disques mettent en effet en scène cet animal mutant, sûrement trouvé à l’intérieur des forêts locales enneigées (ou au sein d’une rêverie droguée…), un gentil lapin toujours ancré dans la même pose (sur ses quatre pattes, tranquille) et que l’on distingue simplement en en modifiant le coloris et l’intérieur (tout blanc sur Animal, gelé sur l’album éponyme, infernale sur The Devil’s Work, bleu et noir sur Black & Blue…) Ce que l’on appelle donc une identité visuelle solidement établie.

Pas d’exception avec III, le troisième album du trio (règle de trois), puisque le lapinou serein est de nouveau utilisé et présenté ici de manière colorée et ballonnée (dans le sens : il y a de drôles de ballons dans son bide…), comme si l’animal avait dû avaler, par mégarde ou par envie (chacun son truc) les boules numérotées d’un jeu de Loto télévisé. Jackpot visuel, qui, parce qu’il s’avère récurrent et inventif, fonctionne à merveille.

Le son

Sur III, le troisième album du trio Miike Snow, les Suédois se rappellent d’hier (on sample notamment Kool & the Gang sur « My Trigger »), s’adaptent aux problématiques d’aujourd’hui (autotune et sampling) avec l’aide de quelques autres (Charli XCX sur « For U », et Run The Jewels sur « Heart Is Full »), mais ne marqueront certainement pas demain, synthpop mélancolique et euphorique, d’abord réservée aux larges ondes et contrairement au premier album éponyme paru en 2009 et ses petits tubes pop follement efficaces (« Animal », « Silvia », « Black & Blue »), que l’on oubliera bien vite.

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Miike Snow, III, 2016, Jackalope Recordings, 40 min.