Matt Simons x Karen Lynch – After the Landslide


« J’ai décidé de nommer l’album After The Landslide parce qu’il parle de ces sentiments qui nous étreignent après un grand changement dans nos vies. La crise du quart de vie… ou du tiers, ça dépend de la chance que vous avez en ce qui concerne votre durée de vie. » De ce glissement de terrain qu’évoque le titre de ce disque, le troisième de l’Américain Matt Simons, est demeuré ce rocher, imposant et déboulé de là-haut depuis bien longtemps, au point que la nature, déjà, a pu débuter sa ré-implantation tout autour de lui. Comme une manière de dire, pour Matt Simons et pour Karen Lynch, en charge de la très jolie pochette de ce disque, qu’avec un peu d’effort – et pas trop de malchance – on est capable de se relever de tout, et même du plus sévère éboulement. Karen Lynch, illustratrice et grande spécialiste de collages surréalistes – le genre à passer une partie de son existence à chiner des vieilles images là où on les trouve, dans les vide-greniers, les magazines vintages ou les catalogues récupérés çà et là – nous parle de cette pochette conçue, comme l’ensemble de son catalogue visuel, comme un patchwork d’influences coincé au sein d’une réalité très alternative…

Quelle est l’idée de base derrière la cover d’After the Landslide ?

Karen Lynch : Matt et moi avons discuté du thème de « recommencement » et de la manière dont ce thème se retrouvait dans beaucoup de chansons de l’album. Ça pourrait être une rupture, un changement de carrière, des villes en mouvement… Ça peut être à la fois une expérience positive et réjouissante, et en même temps une expérience extrêmement terrifiante. Nous voulions garder la qualité vintage de mes autres œuvres, avec une sensation psychédélique et surréaliste. L’ambiance que nous recherchions était à la fois surréaliste et extrêmement optimiste.

L’ambiance que nous recherchions était à la fois surréaliste et extrêmement optimiste.

Karen Lynch

La plupart de tes travaux visuels peuvent être décrits comme des travaux « rétro », issus des années 50 et 60. Qu’est-ce qui t’attire particulièrement avec cette époque ?

Karen Lynch : Je collectionne des magazines et des livres vintages, des années 1930 aux années 70. La qualité et les palettes de couleurs de ces images, en particulier les photographies Kodachrome et Ektachrome, me plaisent beaucoup plus que les images numériques modernes. J’aime aussi l’idée de réutiliser d’anciennes images oubliées et de les juxtaposer avec d’autres combinaisons pour créer des paysages surréalistes rétro-futuristes pouvant être appréciés par un public moderne.

Tes collages contiennent un thème commun qui n’a aucun rapport entre eux : planètes, cactus, fleurs, voitures, déserts, plans d’eau, étangs. Ces sujets ont-ils une signification particulière ?

Karen Lynch : Je suis une artiste axée sur la matière, c’est donc vraiment les images que je trouve, souvent au hasard, que j’utilise dans mon travail. Je pourrais être attiré par la ligne architecturale d’un bâtiment, la couleur d’un coucher de soleil ou la beauté d’un gros plan d’une fleur de cactus. Je vis au bord de la plage en Australie et jadis, j’ai travaillé comme horticulteur. La nature fait parfois aussi partie de mon travail…

Collecter des images… et voir quelles combinaisons fonctionnent

Karen Lynch

Ton processus de création de ces œuvres visuelles, quel est-il ?

Karen Lynch : Dans ce cas-là, il s’agissait de comprendre la vision de Matt et ce qu’il voyait dans mon travail, et ce qui pourrait donner vie à cette vision. Il m’a envoyé des vignettes de ses morceaux préférés, avec des éléments qu’il aimerait inclure en couverture, tels que des images du désert et des fleurs surréalistes. Ma méthode consiste réellement à collecter des images, à la fois sur papier et sur numérique, et à voir quelles combinaisons fonctionnent, et à créer des fichiers numériques en couches. Ensuite, ce fut vraiment une discussion et des allers-retours avec Matt, des changements et des versions préliminaires, des ajouts ou des suppressions d’éléments. Il y a eu de nombreuses variantes de personnes, de ciels, de re-dimensions des éléments, pour parvenir à atteindre la version finale de l’artwork.

Tu as également réalisé des artworks pour plusieurs singles issus de l’album : « We Can Do Better », « Made It out Alright », « Open Up », « Amy’s Song »,  « Dust »…

Karen Lynch : La plupart de ces artworks existaient déjà dans mon portfolio, et plaisaient à Matt. Elles ont juste été modifiées pour correspondre au format de la pochette. Nous avons tenté de conserver une allure vintage sur le tout.

English version

What’s the idea behind the After the Landslide cover ?

Karen Lynch : Matt and I discussed the theme of “starting over” and how this was a common theme in many of the songs on the album. It might be a break-up, a career change or moving cities. It can be both a positive, uplifting experience but extremely terrifying at the same time.  We wanted to keep with the vintage quality of my other works, together with a psychedelic, surreal feel.  The vibe we were going for was surreal yet overwhelmingly optimistic.

Much  of your work can be described as ‘retro’ from the 50’s/60’s. What are you attracted to this era in particular ?

Karen Lynch : I collect vintage magazines and books, from 1930s through to the 1970s.  The quality and the colour palettes of the images, especially the Kodachrome and Ektachrome photography, is far more appealing to me than modern digital imagery.  I also like the idea of reusing old images that have been forgotten and juxtaposing them with other combinations to make retro-futuristic surreal landscapes which can be appreciated by a modern audience.

Your collages contains a common theme which are all quite unrelated – planets, cacti, flowers, cars, deserts, bodies of water, pools. Do these subjects represent any particular significance ?

Karen Lynch : I’m a material driven artist so it’s really the images I find, often randomly, which I use in my work.  I might be attracted to the architectural line of a building, the colour of a sunset or the beauty of a close up of a cactus flower.  I do live by the beach in Australia, and in a past life worked as a horticulturalist, so sometimes this comes through in my work.

What are the processes involved when creating your art, specifically the After the landslide cover? Feel free to get a little technical If you wish.

Karen Lynch : It was a matter of understanding Matt’s vision and what he saw in my work which could bring that vision to life.  He sent me thumbnails of his favourite pieces of mine, with elements he’d like to include on the cover, such as desert imagery and surreal flowers.  My method is really to collect images, both on paper and digital, and seeing which combinations work, and creating layered digital files.  Then it was really a matter of feedback and discussions with Matt, changing drafts, adding or detracting elements.  We went through many variations, different people, different skies, resizing elements, to reach the final version.

Please briefly talk us though us through each individual piece in the series – « We Can Do Better », « Made It out Alright », « Open Up », « Amy’s Song »,  « Dust »…

Karen Lynch : Most of the artwork for the singles was based on existing pieces from my portfolio that appealed to Matt.  These were then modified to suit the cover art format.  We tried to keep a consistent vintage quality throughout. 

Le son

« Je commence à réaliser que quand tu continues à faire des disques, le but est de sonner le plus possible comme toi-même. Celui-ci est aussi proche que possible, mais je pense que je peux encore m’approcher. Il reste encore beaucoup à faire. » Disque meurtri et, logiquement, plus intime encore que les précédents, After the Landslide, compilation de pop-songs élaborées durant deux années, est le troisième album d’un artiste qui compose d’abord pour aller mieux (c’est en général de là que provient toute création artistique), et qui permet également, puisque ses disques parviennent à toujours une audience importance, aux autres d’améliorer leur humeur du moment. Après l’éboulement ? On remonte la pente.

Matt Simons (Site officiel /Facebook / Twitter / Instagram / YouTube)

Karen Lynch – Leaf and Petal Design (Site officiel / Facebook /Instagram / TumblR)

Matt Simons, After the Landslide, 2019, [PIAS], artwork par Karen Lynch