Marble Arch x Agence 1983 – Children of the Slump
Le travail sur la pochette (…) comme un chemin sinueux Yann Le RazavetLe travail sur la pochette de l’album a été un moment assez long, hasardeux, comme un chemin sinueux. C’est un exercice particulier car elle doit en quelque sorte résumer physiquement ce que suggère la musique. Il y avait plusieurs critères auxquels je tenais : – l’esthétique pure (pop, couleurs etc.) – une dédicace, un clin d’œil, en tout cas quelque chose qui me parle personnellement. – coller au maximum au mood général de l’album, de son ambiance. J’ai choisi de le nommer ainsi, Children of the Slump, car pour moi ce titre résume bien l’ambiance générale, le ton. C’est une sorte de constat. C’est également la raison pour laquelle l’album se termine par cette track… Je voulais laisser une sorte de rémanence. Je me suis toujours dit que pour cette cover, les tons et couleurs seraient à chercher autour de tout ce qui touche au rose, bleu, violet, pastel… Si on veut un exemple plus simple, quand on regarde un coucher de soleil, ce qui m’intéresse ce n’est pas le coucher en lui-même, quand tout le monde regarde l’horizon qui devient rouge flamboyant et rutilant mais plutôt le côté symétriquement opposé (EST), plus discret un peu laissé pour compte finalement. À ce moment on peut observer une super déclinaison de tons allant du rose au bleu. Je trouve que ça colle super bien avec le côté un peu mélancolique de Marble Arch. Je ne peux également nier le fait que mon quartier, mon environnement m’ont beaucoup inspiré pour la création sonore et ses ambiances, mais également pour tout ce qui est artwork, clip, photos de groupe etc. Tout est à peu près circonscrit au quartier des Olympiades à Paris. D’où ma volonté d’inclure dans la cover, un clin d’œil, un élément provenant de ce dernier. Au départ, pour cet album j’ai beaucoup travaillé avec une vieille canette de jus de litchi (typique du quartier) cabossée que je posais ici et là comme une métaphore, la trace du passage de quelqu’un. Puis j’ai repris la recherche mais avec un vieux bouquet de roses (suite ou conséquence de The Bloom of division mon premier album). Cela ne menait pas vers quelque chose de percutant mais toujours est-il que je tenais à inclure mon quartier dans cette cover.
Avec ces couleurs ici j’ai presque la mise en scène de la désillusion d’un rêve. Yann Le RazavetPuis un jour, j’ai enfin posé les yeux sur cette vieille voiture que je croisais presque chaque jour, qui était là comme une épave. Un peu en mauvaise état mais plutôt élégante dans sa robe grise. Je me suis dit que l’association bouquet de fleurs-Mercedes au coucher du soleil pourrait avoir quelque chose d’assez esthétique. Il y a sur cette composition une sorte de deuil « esthétisé ». La Mercedes, d’habitude véhicule un peu cliché masculiniste, de force, de réussite. Avec ces couleurs ici j’ai presque la mise en scène de la désillusion d’un rêve. Après quelques clichés, en regardant le résultat je me suis dit « ça y est ! ». C’est bizarre mais tout de suite ça me parlait. Rémi Laffitte et Nicolas Jublot de Géographie ont également validé de suite. Ça faisait bien trois mois voir plus qu’on travaillait tous dessus. J’avais donc : Ma dédicace perso, mon clin d’œil à mon quartier. Pour le côté esthétique, je trouvais que les couleurs et toutes les nuances collaient très bien à ce que je recherchais. Et le fond mélancolique qui colle à la musique est plutôt présent. Une fois la cover validée, il me restait encore beaucoup de clichés « test », de versions différentes (angles de vue, mise en scène différentes etc.) Un peu comme des B-sides finalement. On s’est de suite dit que celles-ci serviraient d’artwork pour chaque single (« I’m on my way » et « Gold ») comme une collection de déclinaisons de la cover de l’album.