Lizzo x AB+DM — Special


Avec trois Grammy Awards, plus de cinq milliards de streams, le record du nombre de semaines au top des charts pour une artiste de rap féminine avec le titre « Truth Hurts » ou encore le titre d' »Entertainer of the year » du Time Magazine en 2019, Lizzo (de son vrai nom Melissa Viviane Jefferson) est devenue en l’espace de quelques années une figure incontournable de la scène rap/pop américaine. Elle est de retour cet été avec un quatrième album, Special, qui revient sur les thèmes de prédilection de l’artiste : l’acceptation de soi et l’espoir.

Car si les talents de musicienne (et flûtiste) de Lizzo sont plutôt largement reconnus (on aime ou pas, c’est un autre sujet) c’est sur un autre terrain que l’impact de Lizzo est majeur : celui de l’empowerment.

https://twitter.com/lizzo/status/1546895227427770368?s=20&t=RbcDZB37xRcqoCMiPn_LpQ

Si Beyoncé avait ouvert la porte de la pop culture et des représentations aux femmes noires en important ce terme universitaire dans le langage presque quotidien, Lizzo ouvre plus grand encore la voix aux femmes noires et surtout aux femmes fortes, de tempérament et de corpulence.

Aux femmes qui ne veulent plus se cacher ou être cachées, elle répond « I know you’ve seen me coming cause I’m thick » (“je sais que tu m’as vu venir parce que je suis épaisse”) dans les trente premières secondes du premier morceau éponyme de son nouvel album.

Nudité fière, militante, défiante

Et tout, dans l’image de Lizzo, sert aussi ce propos, cette « mission » comme elle le dit parfois elle-même, de créer le changement qu’elle et les gens « comme elle » attendent de notre société.

 
 
 
 
 
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Que ce soit sur son compte Instagram où fleurissent les images d’elle et de son corps libre et assumé, en se jouant des stéréotypes sur le corps féminin, ou sur la pochette de son troisième album Cuz I Love u (par Luke Gilford), où Lizzo posait totalement nue. Pas une nudité sexualisée, plutôt une nudité militante, fière, et presque défiante, comme le regard sur le visage de la chanteuse.

« Tous les bébés sont parfaits. On ne dit pas à un bébé qu’il a un trop gros nez, ou des cheveux pas comme il faut. Je voulais représenter cela sur la couverture de l’album. Je voulais rappeler aux gens qu’ils sont aussi parfaits que quand ils sont nés« .

Et si la pochette de son nouvel album semble dénoter dans cette exposition joyeuse de chaires, on peut pourtant y voir un autre aspect du message de Lizzo : et si on ne la réduisait pas à son poids, elle et tou‧te‧s les autres ? Elle dit : “On sait tous que je suis grosse. Je sais que je suis grosse. Cela ne me dérange pas. J’aime être grosse, et je suis belle et en bonne santé. Alors est-ce qu’on peut passer à autre chose ?” “We all know I’m fat, I know I’m fat. It doesn’t bother me. I like being fat, and I’m beautiful and I’m healthy. So can we move on ?”). 

Aussi, sur cette cover ne voit-on que le visage de chanteuse. Ses cheveux sont masqués par une cagoule de sequins, la photo est en noir et blanc et son regard détourné engage le spectateur à regarder ailleurs.

Les paroles et les actes

Lizzo ne s’excuse pas d’être qui elle est, de ressembler à ce à quoi elle ressemble, sans se réduire à cela, et tente d’accompagner chacun sur ce chemin de l’acceptation de soi : « If I’m shinning, everybody gotta shine« , comme elle le chantait déjà dans le morceau “Juice”.

Et parce que pour Lizzo, les mots et les images ne suffisent pas, son crew de danseuses se compose uniquement de danseuses « plus size », sa marque de fringues Yitty défend des sous-vêtements inclusifs (« A love letter to Every body »), et grâce à son site lizzolovesyou.com, elle lève chaque année des fonds pour soutenir les entrepreneur‧e‧s noir‧e‧s américain‧e‧s et les associations américaines de planning familiales, associations pour lesquelles elle a elle-même fait don de plusieurs centaines de milliers de dollars suite à la décision de la Court Suprême.

Et finalement, qu’on fasse un 32 ou un 56, qui n’a pas besoin de modèle plus positif, bienveillant, inclusif, dans un monde où être « woke » est transformé en insulte par une partie de l’opinion ? Alors n’oubliez pas : « in case nobody told you today, you’re special ».

 
 
 
 
 
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Lizzo, Special, 2022, Nice Life Recording Company and Atlantic Recording Corporation, 36 min., Photography : AB+DM (Ahmad Barber + Donte Maurice), Art Direction : Virgilio “V” Tzaj