L’Impératrice x David Delruelle x Antoine Bigot – Odyssée


L'Impératrice x David Delruelle x Antoine Bigot - Odyssée

L’Odyssée de L’Impératrice n’a pas, comme chez Homer, l’ile d’Ithaque et ses environs lointains comme toile de fond. Le périple de ce sextet de garçons définitivement rejoint depuis peu par une fille (Flore Benguigui) se dirige en effet plutôt vers les contrées lunaires, où, comme Pink Floyd, Air ou Moodoïd avant elle (Flavien Berger, lui, avait pris pour sa part la direction de Mars), L’Impératrice a décidé de s’orienter.

De la Terre à la Lune, et vice et versa

Un satellite joint en qualité d’explorateur (« cortège en partance vers des latitudes impudiques », dit Flore sur « Agitations Tropicales »), mais dont la pochette renvoie plutôt vers les ambitions (faussement) touristiques d’Air et de son Moon Safari, elle qui met en scène les passagers ordinaires (et sûrement issus des années 40-50) d’un wagon en orbite faisant la transition entre la Terre et la Lune. L’image, dont le graphisme est signé Antoine Bigot (également manageur du groupe et fondateur du label pareillement cosmique Microqlima), symbolise aussi le grand écart entre les voix organiques des humains et les éléments analogiques inscrits dans l’ADN du projet, tout en se faisant le reflet du contenu global d’un disque narratif, qui contient un début (« Le Départ »), une mise en situation (« Agitations Tropicales »), un point culminant (« La Lune »), et une fin (« Épilogue »). Sans doute pour cela que le visuel met en scène un wagon, objet en ferrailles qui évoque tout autant l’idée « d’allée » que celle de « retour ».

Collages trompeurs

Non pas issu d’une série d’archives (jusqu’à preuve du contraire, il n’y a pas encore de navettes effectuant ce genre de voyage), le visuel de ce 3e EP est l’œuvre de l’artiste belge David Delruelle, spécialisé dans l’art du collage d’images, du truquage de perspectives, du bouleversement de perceptions, dans la lignée du Londonien Banksy, du Français Denis Dubois, ou en remontant un peu, des surréalistes Magritte ou Prévert.

Delruelle, on lui doit également le visuel du précédent EP Sonate Pacifique (la pochette du tout premier était signée par le duo Laure Bernard / Antoine Bigot), qui scénarisait, via un collage une nouvelle fois malin, des humains nageurs confrontés aux dangers du vide intersidéral. Comme une transition prémonitoire entre ces deux disques, qui auront vu passer L’Impératrice des sonorités disco-aqueuses de Sonate Pacifique aux sonorités disco-spatiales d’Odyssée

Le son

Parti de chez Cracki, le label qui avait accueilli ses deux premiers EP, L’Impératrice met la tête hors des eaux (celles qu’impliquaient les titres de Sonate Pacifique), et se projette très haut dans les airs, pour y joindre l’espace. Les sonorités se font désormais lunaires, et offrent un vagabondage entre la disco d’avant-hier (l’influence Moroder existe), la pop astrale d’hier (Sébastien Tellier) et les reconstructions discoïdes d’aujourd’hui (certains instants rappellent ceux de Bon Voyage Organisation).

L’Impératrice (Facebook / TwitterSoundCloud / YouTube)

David Delruelle (Site officiel / Facebook / TumblR)

Antoine Bigot (Site officiel)

L’Impératrice, Odyssée, 2015, 21 min.