Liars x Angus Andrew – TFCF


Depuis plus de 15 ans, Angus Andrew et Aaron Hemphill consacrent une bonne partie de leur existence à mettre en ordre les débris, fragiles, semés par Liars, ce projet éminemment « punk » auquel l’on peut associer un tas de préfixes – post, dance, art, drone… – et qui aura abouti, de 2001 à 2014, à la naissance de sept albums studios. Beau roman, belle histoire.

Mais la sortie de Mess, ce disque parut en 2014 sur lequel l’on retrouve notamment les tubes « Pro Anti Anti », « Mess on a Mission » sonne le glas d’un duo qui, à force de promiscuité et de bromance libertinienne, et faute d’une créativité résolument mise en danger la (la faute à l’usure, aussi), décide de se séparer, d’un commun accord. Sauf que, comme toujours, « l’un est plus d’accord que l’autre ». C’est Angus, chanteur, front-man et performer du projet, qui ramasse le plus. Et qui continuera seul, faute d’alternative, l’histoire débutée à deux.

Noces funèbres

Une rupture artistique, ainsi, vécue comme une véritable rupture amoureuse, terminaison de l’une de ces histoires qui laissent le goût de l’amer, de l’inachevé, du vide impossible à combler. Avec la dose d’humour et d’autodérision qu’on lui connaît, et parce que cette séparation est l’élément déclencheur de ce disque torturé, tortueux et comme toujours un peu taré, Angus la symbolise ainsi, cette blessure du coeur, en se mettant en scène, sur la pochette de TFCF (acronyme de « Theme From Crying Fountain »), travesti en mariée « post-rupture » et vêtue de la robe qui lui aurait permis, jadis, de se lier à l’autre. « Pour le meilleur et pour le pire, voilà ouais ». Le gâteau à la cerise (ou à la fraise ?) qui trône devant lui, ne bougera a priori pas tellement : personne ne risque de se pointer, à cette fête de mariage improvisée et où personne n’a été convié.

« Créativement parlant, admet-il dans une interview accordée relayée par Pitchfork, je me sentais marié à Aaron, et maintenant il est parti. Je suis seul dans ma robe de mariée. Le disque est, en gros, le theme musical de la détérioration de notre relation créative ». Vive les mariés.

Le son

Désormais seul à bord du rafiot Liars (en plus d’Aaron Hemphill, le reste du groupe s’en est également allé), Angus Andrew a quitté la Californie, où il résidait alors avec toute la bande, pour s’en retourner en Australie, son pays natal dans lequel est né TFCF, l’album de rupture d’un garçon confronté, de nouveau, à ses propres démons. Très loin de Mess, dernier album en date (et très loin du reste, puisqu’avec Liars, le changement c’est tout le temps), ce huitième album (puisque c’est bien sous le nom Liars que le disque est sorti, et pas d’Angus Andrew) passe du post-punk clubber au « folk » électronique (il y a effectivement une guitare acoustique qui se balade largement sur ce disque…), que l’on pourrait aussi nommer« punk pathétique ». Créer, se relever. Pour mieux s’effondrer derrière ?

Liars (Site officiel / Facebook / Twitter / Instagram / Youtube)

Liars, TFCF, 2017, Mute, 37 min., artwork par Angus Andrew (design) & Paul de Mute Records (layout)