Le Vasco x Polybius Studio – La Transe des Oiseaux


Ici règne Aya Yosémite, poétesse, prophétesse, divinité gouvernante et grande maîtresse de l’univers transcendé de Le Vasco, et de cette tour de Babel encerclée par les eaux et par une trainée d’oiseaux dessinés, mécaniquement, en « V ». Disponible malgré son omnipotence absolue, il est possible de contacter cette divinité digitale aussi bien par texto (en envoyant « voyance » au 06 51 30 97 51, on reçoit instantanément les esquisses d’un avenir prochain) que via le site internet du groupe (pour connaître votre destin : cliquez sur son visage). Nils Peschanski, claviériste chez Le Vasco :

Le monde d’Aya

« On a été invité par une entité numérique, qui s’appelle donc Aya Yosémite (ndlr : personnifiée par  une tête bleue, sans corps mais avec un sourire figé sur les lèvres), à partager une expérience numérique. C’est la grande maîtresse de ce jeu dont on a représenté le plateau via les pochettes de We’re Not Natural Anymore :’( et de La Transe des Oiseaux, qui sont deux points de vue d’un même édifice (la vue d’en haut pour le premier et la vue isométrique pour la deuxième). Chaque case représente une partie du voyage entrepris, et une ouverture vers chacune des chansons de l’album, illustrées par un clip. Dans ce monde-là, Aya a le contrôle sur tout ».

Le contrôle des oiseaux, le contrôle de l’avenir, et aussi le contrôle des individus. Ceux qui séjournent au sein de ce monde alternatif (comme ceux, transparents, neutres et sans genre, représentés sur le visuel accompagnant le single Razorblade, entre lesquels apparaît la divine maîtresse) et ceux, aussi, qui habitent le monde d’origine des humains ayant constitués Le Vasco, et spécialement ceux qui se seraient risqués à les voir jouer sur scène.

Louise Calzada, au chant : « Sur scène, deux grandes colonnes antiques nous encadrent – comme sur la pochette de We’re Not Natural Anymore :’( ,un immense écran est déployé derrière nous. Les gens peuvent tchater, en envoyant des textos à Aya Yosémite, et le contenu de ce tchat s’affiche… Du coup tout le monde discute en même temps qu’on joue (c’est visible via le clip d’ « Easy On Line »). C’est souvent très drôle ! » Et c’est aussi une manière, pour le groupe, de questionner en direct l’une des problématiques motrices du projet, à savoir le transhumanisme. « Le sujet nous fascine. Comment l’homme se dépasse et transcende la condition humaine par le biais de la technologie ? Qu’est-ce qui reste homme et où est-ce qu’on le quitte ? Le monde moderne et l’ultra-connexion à Internet, c’est exactement la base de ces problématiques-là. C’est pour ça qu’on a voulu créer un monde, finalement très semblable au nôtre, créant un lien entre des choses naturelles et des choses extrêmement artificielles ».

Paradis artificiels

Cet univers, absolument remarquable de minutie et de cohérence globale, et proche, dans la démarche, de ce qui a été fait chez Blind Digital Citizen ou chez Caandides, c’est le Polybius Studio qui en est le grand architecte. Louise : « On savait que l’on ne voulait pas se contenter de faire de la musique, mais de raconter la même histoire à travers tous les supports qu’il nous était possible d’imaginer – les visuels, les clips, la scénographie, le site internet…On a alors pris contact avec le Polybius Studio, dont on aimait la capacité à raconter des fictions à partir de pas grand-chose. On avait besoin de recul pour trouver un fil conducteur à notre histoire. Rapidement, ils ont mis en avant l’idée de chasse au trésor. Et c’était le genre d’idées qu’on cherchait ».

Le déclic est immédiat. La mise en place de cette identité visuelle vaste, complexe, et sacrément tordue, elle, prendra deux bonnes années. Nils : « On est finalement parti sur cette idée de plateau de jeu (qui existe véritablement, comme un vrai plateau), où l’on a groupé les idées qui nous tenaient à coeur : cette esthétique rétro-digitale, les animaux, les conte de fée, la nature…On est parti en road trip 10 jours avec ces mecs, qu’on connaissait à peine. Ils nous ont emmenés dans un tas d’endroits abandonnés en France (c’est leur spécialité…) On voyageait la journée, on arrivait le soir, et ils sortaient une malle avec plein d’objets liés à la musique, et nous posaient des questions sur la manière dont on se figurait, visuellement, les morceaux de notre album. Ils ont défini, via ces interviews, un chemin à partir duquel on a défini toute notre scéno et notre identité visuelle. »

Ultime étape à venir de cet univers décidément formulé via toutes les formes possibles (« clairement, on se dit désormais que la musique n’est une partie de notre travail »), la constitution potentielle d’un jeu vidéo, qui ferait se balader, à la première personne, un personnage à l’intérieur de ce monde qui, on nous l’affirme, n’adoptera pas éternellement cette forme et cette esthétique-là. « On sait déjà ce que l’on fera demain. Et ce sera sans doute très différent. » Et ça, même Aya, au 06 51 30 97 51 (test effectué…), n’en dira pas davantage.

Le son

« Les chansons de La Transe des Oiseaux  parlent toutes de moments où l’on se dépasse. Où on est en transe donc, et où l’on est dans des états qui nous secouent et perturbent notre vision du réel. » D’où ces mentions récurrents aux fantômes, aux métamorphose, aux transformations, et à ces réalités alternatives racontées au sein de ce premier album qui, trois ans après la mixtape Passion Things, solidifie l’identité globale d’un groupe aussi perché que ces oiseaux déviants évoqués dans le titre. Ovni étrange, ovni en transe.

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Les artworks de Le Vasco seront exposés du 12 au 14 janvier 2017 galerie Arts Factory à l’occasion de la 4e Nuit Néoprisme. Plus d’infos ici.

Le Vasco, La Transe des Oiseaux, 2016, Nowadays Records, 44 min., pochette par Polybius Studio