Laura Cahen x Jeremy Soma – Une fille


Une fille. Deux silhouettes. Un visage visible, celui de Laura Cahen, l’autrice de cet album qui s’accorde au singulier mais parlera aux plurielles qui voudront bien, pourquoi pas, s’y reconnaître. Un autre qui ne l’est pas, celui de Charlotte, petite amie de Laura dont on ne voit pas ici le visage mais cela n’importe pas. “J’ai proposé à Charlotte, ma petite amie, de poser avec moi, notre rencontre est à l’origine de beaucoup de chansons”, nous dit Laura qui a pensé cet album comme un manifeste, “une affirmation d’elle-même, sans détours, de sa personnalité artistique comme de sa sexualité.”

Pluriel

Une fille. Deux silhouettes. Le singulier et le pluriel. On y revient. « Cela faisait sens pour moi qu’il y ait deux filles sur la pochette pour créer une tension avec le titre et le singulier du déterminant, pour faire comprendre que ce disque parle de et à bien des filles.”

Une fille. Deux filles. Toutes les filles ? Laura a accompagné ce beau cliché, signé Jeremy Soma – “j’adore son style brut, le grain, très 90’s mais moderne à la fois.” – d’une série de portraits, de filles là encore, diffusés sur les réseaux sociaux. Ce sont celles qui l’entourent dans la vie, dans son travail, dans ses amours et ses emmerdes. Laura Cahen aime les filles, et elle a décidé de faire savoir. Elle s’engage pour leurs droits, porte au cœur le violet des féministes qui ne se laissent pas faire, se met en scène auprès de l’une d’entre elles afin d’assumer, une bonne fois pour toutes, qui elle est.

Je peux avoir du mal à parler de ces sujets”, dit-elle en évoquant les féminicides et les manifestations d’intolérance sectaire qui ont pu émerger, en France et ailleurs, au cours des dernières semaines. « Mais, en revanche, plus d’aisance à en faire des chansons”. L’art répare, l’art construit, l’art mène les luttes que le corps ne parvient pas toujours à mener.

Douceur

« Il a fallu l’aborder avec beaucoup plus de douceur et de simplicité que mes photos habituelles. Il fallait coller avec la personnalité de Laura, douce et posée, des photos trop extrêmes n’avaient pas leur place. », dit Jeremy Soma à propos de cette photo dont il assure qu’elle est « très différente » de ce qu’il peut proposer « en temps normal ».

Instagram de Jeremy Soma

“Il y a de l’abandon et de la tendresse dans la pose, un peu de défiance dans le regard, et il me semble que ça reflète assez bien les titres de cet album.” Abandon, tendresse, défiance. Trois mots pour Une fille qui a décidé de ne plus se résumer à ça.

Le son

Dans Une fille, Laura Cahen parle d’homosexualité (“Qu’est-ce que ça peut vous faire si je préfère dans mon lit une fille”), de combats féministes  (“Vous, ne me montrez pas du doigt / Les loups ne m’arrêteront pas”), de tendresses lucides (“Te toucher dans le noir / Je m’y suis jetée, c’est trop tard”) avec une liberté nouvelle. Elle passe par le biais des histoires individuelles pour zieuter vers les universelles, et le fait par le biais d’une pop qui pioche chez les folkeuses francophones (Yaël Naim, avec qui elle chante sur “Coquelicot”) pour bâtir un album singulier, émancipateur, abouti.

Laura Cahen (Facebook / Instagram / Twitter / YouTube)

Jeremy Soma (Site officiel / Instagram)

Laura Cahen, Une fille, 2021, [PIAS] Le Label, 44 min., artwork de Jeremy Soma