L’Impératrice x Mat Maitland – Matahari


L’Impératrice. Un nom comme un hommage, depuis les débuts de ce projet régalien (le premier EP Sonate Pacifique sort en 2014) à la toute-puissance féminine, à sa force et à sa sensualité, celle qui règne dans la lumière, et surtout dans l’ombre, et qui, sous la direction des six Parisiens qui sortent aujourd’hui leur premier album chez microqlima, s’exprime de haut, sans jamais se montrer absolument. L’Impératrice, jusqu’au bout, n’aura ainsi pas souhaité dévoiler son visage, mais souhaite se rapprocher tout de même des formes que l’on savait liées à ce personnage féminin, hautement symbolique et fantasmagorique, de Mata Hari, cette danseuse néerlandaise devenue espionne, et fusillée en plein coeur, lors de la destructrice Première Guerre Mondiale de 1914-1918. Vie courageuse et destin tragique.

« Aventurière à tête couronnée »

Devenue figure féminine iconique de la culture populaire, Mata Hari apparaît au cinéma sous les traits de Greta Garbo (Mata Hari, 1931), de Jeanne Moreau (Mata Hari, agent H 21, 1964), de Sylvia Kristel (Mata Hari, 1985), ou chez Bernard Werber (le Cycle des Dieux) ou Paulo Coelho (L’espionne). L’espionne qui dansait réapparaît donc de nouveau, insaisissable, via l’artiste londonien Mat Maitland, auteur d’un visuel qui insiste, d ‘abord, sur les ombres. « Aventurière à tête couronnée, la démarche altière et les gestes cinématographiques – le gun smoke s’échappant de la bouche », dit justement un communiqué de presse spécialement dédié à la gloire de sa majesté couronnée.

Jouer sur le charme de celle qui ne se dévoile pas, et qui inquiète même ici (la fumée, le chapeau noir, la luminosité bleutée, rappellent les Films Noirs des années 40 et 50) mais qui parvient tout de même, mystère éternel de la séduction, à ensorceler ceux (et celles) qui l’entourent ? C’est que les femmes fatales, toujours, surent faire tomber les coeurs les plus diablement coriaces.

Le son

Le funk, la disco, la pop, les fantasmes liés à quelques « agitations tropicales », et la sensualité d’une voix (celle de Flore Benguigui) pourvue d’un charme dévastateur : c’est L’Impératrice, qui règne d’une main de velours sur la pop française depuis quelques petites années, et qui sort enfin un premier album, narrant l’histoire d’une espionne aux ambitions incertaines, détaillée à l’aide d’une musique aqueuse, volatile, et absolument efficace. Le règne de L’impératrice a débuté. Et il va sans aucun doute durer un moment.

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L’Impératrice, Matahari, 2018, microqlima records, artwork par Mat Maitland