Kasabian x Daft Apeth – For Crying Out Loud


Le roadie, en musique, c’est le type qui permet aux groupes de ne pas se casser le dos lors de chacune des dates qu’il effectue, celui qui, parfois en compagnie d’autres (pour les groupes qui tournent beaucoup, il y en a souvent plusieurs), trimballe le matériel de salles en salles, conduit le vanne de villes en villes, effectue quelques branchements que l’ingé son n’a pas le temps de gérer, va chercher de la bière quand il est nécessaire de se rafraîchir le gosier. Homme de l’ombre par excellence, il fait partie de ces éléments centraux dans la vie d’un groupe, ceux dont l’imagerie populaire a du mal à mettre en avant l’existence mais dont on ne peut, en réalité, pas se passer.

Le roadie, c’est donc le « héros » de la pochette du dernier album de Kasabian, For Crying Out Loud, (« bon sang de bonsoir », qui doit être l’une des expressions du type en question…) mis en avant ici non seulement pour la fonction sociale qu’il représente au sein d’un groupe (la démarche est notable), mais aussi, parce que ce roadie-là possède, selon les dires de Sergio Pizzorno, le guitariste de Kasabian, une personnalité si belle et si pleine qu’il était nécessaire de le mettre en avant. Au NME, il affirmait ainsi :

« C’est une image de notre roadie Rick Graham, qui tourne avec nous depuis environ 12 ou 13 ans, un vieil homme franchement acariâtre, mais en même temps l’une des plus belles personnes que tu puisses rencontrer. Il a tout vu, tout vécu, il a plein d’histoires à te raconter. Je voulais vraiment l’immortaliser. J’avais vu une interview de Francis Bacon, qui disait qu’il dessinait uniquement des personnes qu’il connaissait parce qu’il connaissait leurs visages. J’adore l’idée qu’il y a cet homme de 70 ans sur notre disque, il y a quelque chose de beau à ce sujet. »

Une image qui vient se caler au sein de la très audacieuse iconographie du groupe, à qui on ne pourra pas reprocher de ne vouloir se singulariser, entre le roi de trèfle d’Empire, les costumes d’époque de West Ryder Pauper Lunatic Asylum, et la tracklist minimaliste de 48:13. Parce que l’intérêt n’est pas toujours dans le beau.

Le son

Depuis Leicester, où tout a débuté pour eux, les types de Kasabian proposent depuis une vingtaine d’années une manière évolutive de considérer la britpop, lancée par leurs ainés Oasis, Blur & co quelques années plus tôt, fusion de rock pas sage et de pop cadrée auquel l’on ajoute, ici, des éléments électroniques de plus présent, forcément, au fil des ans. Preuve en est, ce For Crying Out Loud, efficace dans le genre, sans atteindre pour autant les hauteurs d’Empire, de Velociraptor, pour le coup, véritables petits chefs-d’oeuvres du genre.

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Kasabian, For Crying Out Loud, 2017, Sony Music, 128 min., artwork par Daft Apeth