Jay Rock – Redemption


On sent l’image improvisée, et la concordance des hasards trop belle pour qu’on la laisse passer. Une nuit de vadrouille avec quelques complices dans le coin – on devine en tout cas la scène -, une interrogation liée à l’illustration d’un album dont a déjà le nom en tête – Redemption -, et pour Jay Rock, qui vient donc de sortir son troisième LP chez Top Dawg Entertainment, la révélation. Ou l’idée de rédemption, plutôt, formulée par un album sur lequel on retrouve aussi J. Cole, Future, ou l’incontournable Kendrick Lamar, sera donc formulée, visuellement en tout cas, par cette image d’un rappeur triplement tourné vers la tentation de la foi. Les mains du Californien sont jointes, ses yeux tournés vers le ciel, et au-dessus de sa tête, mise en scène astucieuse, un poteau électrique dont le sommet forme une croix. Celui-ci évoque, bien sûr, l’image du crucifix chrétien, celui contre lequel Jésus fils de Dieu, on s’en souvient, passa un moment si désagréable il y a quelques deux-mille ans. C’était quelques jours avant Pâques et la Résurrection, et quelques années avant que d’autres, fils d’humains cette fois, ne sollicitent la rédemption, soit le rachat du genre humain par une divinité supérieure.

La Passion de Jay

Et puisque deux autres poteaux entourent le « crucifix électrique » en dessous duquel se trouve Jay Rock (lors de la Passion du Christ, deux autres « malfaiteurs » se trouvèrent crucifiés dans le même temps), il paraît à peu près certain qu’il faille bien trouver ici une relecture, très décalée ou très égocentrée, de la Passion vue par le prisme d’un emcee qui ne se trouve cette fois pas sur le mont Golgotha mais très certainement, comme le suggère l’excellent site Genius, dans les environs du domicile de Jay, dans le quartier très mouvement de Watts à Los Angeles. Un artwork, ainsi, à la mise en place minimale, mais au symbolisme, on l’a compris, maximal.

Le son

Soutenu par l’écurie Top Dawg Entertainment (le label, notamment, de Kendrick Lamar et de SZA, qui posent en featuring sur le disque), le Californien Jay Rock sort un troisième album explosif, délétère et inspiré, qui le voit explorer des territoires nouveaux (l’incontournable autotune, notamment), pousser la chansonnette, et rappeler, avec la présence de quelques tubes en puissance (l’excellent « Knock If off » ou « King’s Dead », en featuring avec Future) que ce type-là, moins médiatisé que ses très imposants collègues de label (Schoolboy Q y figure également) incarne lui aussi le futur d’un hip-hop qui ne cesse de devenir, on le redit, la voix de la nouvelle pop.

Jay Rock, Redemption, 2018, Top Dawg Entertainment

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